Talk about a Stranger (1952) de David Bradley
Si cette œuvre peut être considérée comme un « film noir », c’est peut-être presque finalement plus dans la forme (Sir John Alton à la photo) que dans le fond. Certes le film est enveloppé d’un parfum de mystère – et d’oranger aussi : quel est ce curieux bonhomme qui vient d’emménager dans la maison gothique du coin ? Surtout est-il responsable du crime le plus abominable qui soit qui mérite peine de mort précédée de tortures (l’empoisonnement d’un chien) voire du meurtre de l’ancien propriétaire (fantôme) de cette demeure ? Le film s’ouvre sur une scène que n’aurait sûrement point reniée Romero (de mini-individus masqués s’avancent en rampant vers une immense baraque pour sûr hantée), prend une tournure à la De Sica sans aucun pathos (!) (Le Voleur de Bicyclette meet Umberto D.) avec ce chien qui adopte un bambin – ou l’inverse – avant donc de tourner au drame (le chien retrouvé mort…). Un drame qui ouvre le sentier de la guerre de la vengeance chez un blondinet prêt à tout pour prouver la culpabilité de cet hirsute et mystérieux voisin.
Une première partie un peu light (le gamin et son chien) qu’illuminent tout de même les travellings et les jeux sur la profondeur de champ – l’enfant minuscule (en arrière-plan) aux yeux de son père ou de l’agent de police (tous deux au premier plan - avec une jolie petite contre-plongée au passage pour cette scène-ci), deux personnes incapables de passer à l’action et qui ne l’encouragent point dans l’accusation sans preuve. Mais le gamin ne lâche point l’affaire – il s’introduit en douce chez son voisin, part en stop pour enquêter sur l’ancien propriétaire (autre maison déserte et soi-disant hantée), sabote son réservoir de fuel… - bien décidé à faire payer ce trouble individu. La dernière partie nocturne – notamment tous les plans divinement éclairés dans les plantations d’oranges, les jeux avec la brume et les ombres… - apporte son lot d’excitation esthétique et dramatique (le voisin qui surgit dans un nuage de fumée et qui part aux trousses du bambin… Bon ce n’est pas La Nuit du Chasseur mais quand même). On voit certes venir gros comme une maison gothique les cinq dernières minutes mais cette très courte œuvre possède malgré tout son zeste d’intérêt – Thanks John, of course.