Il est comme ça des soirs où on a envie de se taper un film divertissant entre un Bela Tarr et un Angelopoulos. Mais je reverrais bien La Poussière du temps au ralenti plutôt que d'avoir à me souvenir ne serait-ce que plus de 22 lignes de ce Menu aussi digeste qu'un MacDo de 1997. Tout est naze et fabriqué, rien n'est sincère ou un tant soit peu authentique dans ce film qui ne cherche qu'à surenchérir dans le putassier. Un grand cuisinier à la mode invite des gusses pour un repas qui s'annonce historique ; mais il s'avère très vite que ceux-ci sont en fait les victimes d'un piège et ont été choisis en fonction des malheurs qu'ils ont fait tomber sur la tête du chef (un critique gastronomique trop sévère, un élève pas assez bon, une mère violente, des crétins qui n'aiment pas la bouffe, etc.). On sait ça assez vite, ou on pourrait s'en douter vu le jeu tout en finesse du chef en question : Ralph Fiennes, qui tire une tronche de 18 mètres et dirige sa cuisine en petit Hitler (un claquement de mains, et tous en choeur : OUI CHEF !). Bon, tout se terminera comme prévu, c'est-à-dire dans un bain de sang, sauf pour une invitée qui en réchappera pour préparer le 2ème volet qui devrait sortir l'an prochain. Dès lors qu'on connaît le déroulement, on s'ennuie au-delà du raisonnable devant ces personnages caricaturaux réduits à une seule caractéristique (ce sont des cons), ce scénario aussi vraisemblable que le retour de la gauche, et cette immonde mise en scène plus brillante qu'une Rollex au bras d'Elon Musk. Aucun intérêt à la chose, vraiment, il n'y a même pas le plaisir du gore (très timide), ni de l'intrigue surprenante (le rythme hyper lent de l'ensemble empêche toute surprises, qui sont devinés 10 minutes à l'avance). Le film ne dit rien, ne déclenche rien comme émotion, ne dénonce rien, il se contente d'afficher fièrement son fric et son casting clinquant. 22 lignes.

Le Menu (The Menu) de Mark Mylod - 2022

Partager cet article