On est parfois un peu bégueule sur le cinéma anglais (moi le premier, je sais) mais je reconnais qu'un bon polar des années 50 dans un Londres humide et humide me transporte d'allégresse (Basil Dearden aux manettes, forcément... Oui, bon, il est non crédité au générique, on ne sait pas trop ce qu'il a fait sur ce film mais il y a en tout cas sa "patte" : une histoire trépidante qui nous fait visiter le tout Londres, des cachots de la prison, aux boîtes louches en passant par des apparts grand crin). Oui, j'avoue, je me suis régalé devant les déambulations de ce type in London by night (George Nader as Paul Gregory), un type droit dans ses bottes, qui sait où il va, plein de sang-froid mais que la chance, allez savoir pourquoi, fuit... Pré-générique, on assiste à une évasion de prison comme on les aime (pas de dialogues, une gare désaffectée, une explosion, deux hommes qui se font la malle dans la nuit, des flics aux abois) et on se dit que ce Paul pourrait bien faire passer Lupin pour un lampion. Notre homme se repose et là, poum, flash-back de la mort sur son passé et l'entourloupe du siècle qu'il est parvenue à monter. Du grand art. Il savait, après ce coup fourré, qu'il se ferait prendre très vite, il ne se doutait pas qu'il prendrait autant d'années de prison... D'où cette échappée prématurée - et on reprend le fil du récit. Paul est désormais out, il a la thune, Paul a des relations, il est habile, il devrait pouvoir se tirer de cette situation haut la main. Sauf si la poisse et les trahisons s'y mettent...

Belle économie, encore une fois, dans les dialogues, Holt se sentant tenu de montrer son héros toujours en mouvement, dans l'action, comme un Melville grande période. Notre homme a des contacts, cherche à faire dans l'efficacité et à se barrer d'ici le plus rapidement possible avec son flouze. Malheureusement, il y a des contre-temps : des flics qui rôdent et des soi-disant potes qui profitent de la situation... Du coup, notre pauvre Paul se voit obligé d'improviser constamment, de chercher des échappatoires, de monter des plans de plus en plus alambiqués pour déjouer tous les pièges qu'on lui tend... On est avec lui, sans comprendre toujours sur le coup ce qu'il a en tête, ce qui rajoute un suspense indéniable, une tension terrible - tout s'éclaire bien sûr rapidement (ah oui, pas con, le bougre, bien pensé !!!) et ce petit coup d'avance qu'il a toujours sur nous nous met constamment sur la brèche... Seulement voilà, la poisse est tenace et seule une femme (Maggie Smith) rencontrée par le plus pure des hasards, comme dans un Hitch, semble capable de le sortir de ce pétrin de plus en plus noir... Encore faut-il qu'il soit capable de faire encore confiance aux autres, ce qui devient ardu tant il a morflé ses dernières heures... C'est jusqu'au bout remarquable (cette fin dans la campagne galloise !!! Du frisson, du verglas, de la violence, du dérapage...) et l'on se dit franchement qu'il n'y a finalement rien de mieux qu'un bon film noir vintage, même anglais. Révérence aux studios Ealing qui n'étaient alors pas loin de tirer la leur.

Le Criminel aux Abois (Nowhere to Go) (1958) de Seth Holt & Basil Dearden

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