Une adaptation argentine d'un polar de Irish, bien sûr qu'on prend, même si la copie a un peu souffert du poids des ans. Ce que l'on ne peut pas reprocher au réalisateur, c'est de chercher à s'éparpiller... En vingt minutes à peine, on a une histoire d'amour idyllique, une femme abusée par un ancien amant qui se transforme en maître-chanteur (il lui demande une somme d'argent conséquente en échange de ses lettres passionnées), une femme remariée, une femme qui perd son enfant (c'est la même ? Oui)... et bientôt un meurtre... On ne chôme pas, chez Klimo, et le moins qu'on puisse dire c'est que son actrice, la plantureuse blonde Mirtha Legrand, va passer par des ascenseurs émotionnels qui en laisseraient plus d'un(e) sur le tapis... Une joie grandiose, une déception terrible, une joie sereine, un drame intime affreux, la peur, puis l'effroi, puis la paranoïa... Non, de grâce, on ne peut pas dire qu'elle ait vraiment le temps de se reposer, la pauvrette. Comme en plus, elle a tendance (comme Michel ?) à surjouer quelque peu ses émotions (les yeux qui s'écarquillent, c'est sa spéciale), on se demande dans quel état psychologique elle va finir...

Klimovsky ouvre son film sur une sorte de fausse piste avant de revenir malicieusement sur cette ouverture au milieu du film - la seule chose qu'on peut dire, c'est que la Mirtha a une sorte de don pour se retrouver dans la panade... De même, quand elle se décidera enfin à faire appel aux flics, on se rendra compte que là encore, sa décision risque de lui poser au final plus de problèmes que de réel réconfort... Bref, portrait typique d'un héros, en l'occurrence ici d'une héroïne qui, quoiqu'elle fasse, s'enfonce dans la mouise... Un ton relativement hitchcockien avec son lot d'objets qui prennent une certaine importance (les boucles d'oreille, le pistolet de l'assassin...) et une poignée de plans un peu torves au besoin (la façon de filmer Mirtha de façon décadrée quand elle revient dans l'appartement du maître-chanteur ou quand elle se fait poursuivre par un tueur). Certes, tout bon lecteur de série noire, bien avant Mirtha, a une petite idée en avance du dénouement... Reste à savoir si celui-ci sera traité sous forme de happy ou de sad ending... Du meurtre, du vilain vraiment vilain, de l'amour exacerbé (pour le pire ou le meilleur), on a notre petit lot de suspense et d'émotions contrastées (peut-on faire confiance aux hommes, bon sang ?). Intrigante petite découverte sud-américaine de bon goût.

El Pendiente (1951) de León Klimovsky

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