Deux bonnes séquences dans un film d'horreur, de nos jours, hein, on peut s'en contenter, c'est toujours deux de plus que dans la plupart des films. Sans ces deux séquences, Mama est à peu près inexistant, se contentant de dérouler éternellement les mêmes motifs piqués à d'autres, ici entre le film de fantômes japonais et les petits enfants horrifiques école espagnole. Deux fillettes ayant échappé à l'exécution orchestrée par leur paternel, sont recueillies plusieurs années après leur disparition par leur oncle ; mais durant ces années, n'auraient-elles pas été élevées par une créature maléfique, mmm ? Et la sorcière ne cherchera-t-elle pas à les récupérer ? Et pourquoi diantre ? Si. Et si. Et parce que, t'vois, dans une autre époque, la dame a déjà perdu un bébé, blabla. Autant dire que l'histoire, Muschietti et le spectateurs s'en cognent. L'important est bien de savoir comment le gars va s'y prendre pour nous faire peur avec un scénario tellement vu et revu. Réponse : il n'y arrive pratiquement jamais. Pourtant son fantôme est visuellement assez bon, avec ces cheveux qui flottent magiquement autour de lui, ce corps difforme et ces meuglements absolument affreux. Mais Muschietta ne parvient strictement jamais à inventer quoi que ce soit : ce sont les sempiternelles notes de violon grinçantes, les habituelles montées brusques du son au moment crucial, les fatigantes ficelles de ce genre de production. Franchement, il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi les fantômes attendent toujours 1h30 pour agir, faisant des apparitions qui ne servent à rien alors qu'ils auraient pu semer la terreur dès le début.

Rien de nouveau sous le soleil, donc, même si Muschietti tente quelque chose sur la fin : une sorte de résolution romantico-psychologique à la Dark Water, qui fait verser le film dans le merveilleux. Un discours sur la maternité, l'au-delà, ce genre de trucs. Ca aurait pu marquer des points si Muschietti avait su mettre la chose en scène ; mais entre nuit américaine super artificielle, musique de sous-Tim Burton et imagerie empruntée à ces peintres qui font à la bombe des licornes sur les trottoirs (vous voyez ?), le tout est infâme visuellement et se noie dans le bon sentiment pur. Raté, donc.

Deux séquences, je le disais, sauvent un peu l'ensemble. La première d'abord, où un père décide de tuer ses deux enfants. Très intrigante dans sa construction, et très habile dans sa façon de montrer sans montrer tout en cachant ce qu'on montre, elle situe d'emblée le film dans une atmosphère de dépression, de désespoir, de solitude qui lui restera attachée jusuq'à la fin (il est beaucoup question, jusqu'au douteux d'ailleurs, d'une femme qui ne peut pas avoir d'enfants et qui va être condamnée à en avoir deux, puis à en abandonner un, confrontée à la Mère Eternelle, fantôme qui ne peut mourir que si on lui rend son enfant volé). Image forte, notamment, de cette voiture qui quitte la route dans le silence complet ; ou de cette petite fille privée de lunettes et qui ne voit pas les choses terrifiantes qui l'entourent (un problème de lentille ?). Deuxième séquence intéressante : celle pas si loin de la scène du cambriolage dans Marnie, où l'écran est coupé en deux façon split-screen "naturel" : à gauche, Jessica Chastaing entend des bruits dans la chambre des enfants et s'en approche ; à droite, la chambre en question, et ces filles qui volent dans les airs, et flirtent avec les spectres. On ne sait pas où on doit regarder, ni de quel côté on doit se placer, celui de la mère protectrice ou des enfants porteurs d'un secret. Très habilement construit. Voilà, c'est tout : à part ça, rien que de très banal.

Mama d'Andrés Muschietti - 2013

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