Ayant clos Tati (en réal et en solo au poste), il me fallait revenir tout de même à la source en visionnant cette toute première œuvre jouée et écrite par cette "brute". Tati est déjà un grand dadais mais pas encore Tati. On sent bien, dans cette petite comédie, que l'homme cherche à jouer de son physique de grande guenille ; il a tout de même encore un peu de mal à nous faire rire par ses malicieuses mimiques et son air gauche. Le scénario nous présente une trame sur laquelle notre homme s’appuiera encore par la suite : Tati se présente ici à un casting (il pense que c’est pour un film, le bougre) pour affronter un champion de lutte. Il signe son contrat sans trop comprendre de quoi il s'agit et le maigrelet sera opposé officiellement au mastoc et barbare Krotov le Tartare (Kola Kwariani, une star vintage du catch). Ring, sévère déverrouillée, triche (son pote Rhum as Merandol assomme le géant au bord du ring) et victoire finale : Tati triomphe... et repart en tournée en laissant sa femme sur le trottoir - ce qui n'est pas plus mal vu qu'Hélène Pépée avait un caractère de chien et jouait comme un cochon... Bien sûr, on pousse des ahhh et des ohhh dès qu'on voit apparaître la carcasse maladroite du grand Jacques, pas très à l'aise encore dans le jeu ou dans les contorsions physiques (il fait tout de même très bien la brouette) mais on sent qu'il y travaille. Il mitonne quelques petits gags visuels « chaplinesques » (le coup de la louche à table et du poisson rouge, bon) et incarne déjà ce chien dans un jeu de quille, malmené par sa tyrannique de femme, malmené professionnellement (on le renvoie d’une pièce avant de le reprendre), malmené sur un ring. Mais à la fin, vainqueur, comme si l'innocence et la drôlerie (on rit guère, ceci dit, mais il doit bien y avoir de la volonté comique là-dedans, à l'origine) ne pouvaient que remporter le morceau face à cette chienne de vie et ce monde brutal. Voilà, les premiers pas de, encore un peu gauches, mais gageons que le gars saura travailler son jeu de jambes ! L'odyssée Tati n'en aura que plus d'allure avec cet ultime morceau.

Par (ici) tout Tati(s)

On demande une Brute (1934) de Charles Barrois

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