On est toujours friands des films sur l'adolescence mais faut reconnaître ici qu'on est dans du minimalisme de base. Pas dénué d'intérêt, non, mais minimaliste. Une jeune fille pas très dégourdie vient rejoindre sa cousine en province. Au programme : soirées musicales et bal (des vieux musicos barbus qui chantent pour la jeunesse) avec deux garçons et discussions, le soir, au lit ; et petites piques de jour. La cousine, a priori un peu plus ouverte, juge la jeune fille un peu béta et cette dernière trouve celle-là un peu bizarre. Au départ, c'est la cousine qui est le centre d'attraction pour les deux jeunes garçons, puis, relookée (robe rouge et cheveux défaits), la moins dégourdie commence à rencontrer ses premiers succès... Entrainée par la cousine, elle tente alors la coupe à la garçonne et le moins qu'on puisse dire c'est que la réussite n'est pas totale… D'où crise de confiance et vengeance en perspective...

Sasa Gedeon capte assez bien cet esprit ado avec son monde des possibles (les deux garçons qui veulent amener systématiquement les filles en forêt) et ses déceptions - il y a des ouvertures... mais pas grand-chose finalement se passe... Par manque d'envie, par manque de confiance, par manque de. Sur une heure, le cinéaste se plaît à mettre en scène des séquences qui répètent le même format (soirée concert, tour dans la forêt, retour en solo, discussion au lit entre les deux jeunes filles, petit déj avec la grand-mère, soirée devant la télé...) et livre des dialogues qui tournent en rond (les ados semblent avoir cinquante mots de vocabulaire et ne cessent de répéter à l'envie les mêmes questions, les mêmes propositions...). On peut s'amuser du principe comme s'en lasser... Le décor de la maisonnée est remplie de pommes dans tous les coins et on se demande laquelle des deux jeunes filles finira par croquer dedans (symbole, voyez...). On aura droit à une longue séquence assez intense (la "garçonne" dans la baignoire remplie de pommes - on penserait presque à American Beauty avec la fameuse image de la jeunette dans son lit de roses) sans trop savoir quelle en sera l'issue... Après avoir croqué des pommes à l’envie, elle prendra (enfin) une décision (non rien de sexuel, je ne vous dis que cela). Mouais, avouons que même si l'on ressent tout le charme de cet âge en proie aux doutes, le film se contente du minimum syndical dans l'approfondissement des caractères et des situations. Restent quelques scènes qui accrochent un sourire (le rêve des Indiens qui ramassent des champignons, le western à la télé...) mais on est un peu déçus de ces deux effrontés tchèques qui, le temps d'un été, n'osent guère.

L'Eté indien (Indiánské léto) (1995) de Sasa Gedeon

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