La vengeance est un plat qui se mange froid, mais dès lors qu'on imagine une choucroute froide (pardon, il s'agit d'un film autrichien, disons alors le Bauernschmaus), on se rend bien compte que ce n'est pas toujours aussi évident... Ce film autrichien, nominé de façon assez surprenante quand même aux Oscars, possède au départ une architecture qui n'est pas sans rappeler celle de 71 fragments du père Haneke - bien qu'ici cela soit tout de même beaucoup moins complexe puisque l'on suit surtout cinq personnages : une petite frappe moustachue, son amie prostituée, le grand-père de la frappe, un flic et la femme de ce dernier. On peine un peu au départ à savoir comment tout cela va s'agencer mais au bout d'une heure de film la trame s'éclaircit : la petite frappe fait un hold-up qui tourne mal, son amie prostituée est tuée accidentellement par le flic, et notre moustachu de se réfugier chez son grand-père qui habite... à côté de la maison du flic. C'est un peu tiré par les cheveux, on se dit, mais le noeud dramatique est noué, reste plus qu'à savoir ce qui se cache maintenant vraiment derrière le titre...

Chacun des quatre personnages porte sa croix : le vieux père malade s'accroche à sa ferme et ne sait que trop penser du retour de ce petit-fils, la femme du flic sort d'une fausse couche et souhaiterait avoir un enfant, la petite frappe a perdu sa raison de vivre et voudrait se venger, le flic, enfin, est traumatisé par cet accident mortel. Chacun tente de s'échapper comme il peut pour tenter d'oublier son fardeau; le grand-père joue de l'accordéon, la femme se lance dans une aventure, la frappe coupe plus de bois en une heure que Charles Ingels pendant toute une saison de La petite Maison dans la Prairie, le flic court dans les bois; il y a d'ailleurs un joli plan dans le film où le flic et la frappe se retrouvent dans la forêt sur deux sentiers parallèles sans que l'on sache si leur chemin (de croix) va finir ou non par se croiser... Glisse-t-on tout droit vers une fin tragique ou une rédemption est-elle possible si chacun d'entre eux parvient à assumer vraiment ses responsabilités ?... Le film reste de bonne facture malgré certaines longueurs (on aurait pu retrancher 30 minutes facile - rien que les scènes de coupes de bois... on avait compris au bout d'un moment...) et une image assez "plate" comme si tous les films allemands ou autrichiens depuis 20 ans avaient le même chef opérateur (je fais une fixette ou non, dites-moi...). Bref, c'est pas désagréable, c'est agencé de façon relativement intelligente - à défaut d'être vraiment original - même si c'est loin d'être toujours vraiment "percutant", notamment dans la dernière heure... Enfin bon, c'est déjà po si mal, d'autant que l'Autriche nous donne rarement de ses nouvelles sur la scène cinématographique internationale...

Revanche (2008) de Götz Spielmann

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