Film de femmes entre elles dans cette Algérie des années 90 en proie à la terreur. Des femmes jeunes, vives, décidées, libres et des hommes, jeunes ou vieux, machistes, dominateurs, profiteurs, vicieux, violents... Oui, d'entrée de jeu, on annonce la couleur, Papicha ne va pas faire dans la dentelle pour montrer ce combat ultra-courageux de femmes à l'université contre une société sclérosée ; cela part évidemment d'un très bon sentiment, dommage que le film ne souffle que dans un sens, sans jamais vraiment prendre le temps de donner de la densité à la petite histoire (les personnages féminins) comme à la grande (un contexte politique plus que survolé). Du coup, si les sourires de ces demoiselles sont accrocheurs et pleins de vie, si on comprend forcément leur difficulté dans l'adversité (des adversaires, pour le coup, ce n'est pas ce qui manque : des petits copains plus réacs que mon grand-oncle, des concierges plus pervers que des porcs, de jeunes barbus plus intégristes qu'intègres, des troupeaux de femmes voilées de noir aussi idiotes que méchantes…) Popopoh pas facile de garder la foi et le fun pour notre jeune héroïne (qui se prendra en plus en cette année bénie un César sur la tronche) qui veut se lancer dans la mode. Elle est, comme qui dirait, cernée par la violence, du meurtre de sa sœur au carnage final (point de spoiler, tout est aussi prévisible que le nez au milieu de la figure sans burka).

Le sujet est pourtant intéressant en soi et plutôt « porteur », pour ne pas dire dans l’air du temps (femme, combat, liberté, amitié...). Seulement voilà, Meddour fait dans la bonne grosse ficelle, aussi bien au niveau du scénario (tout est trop prévisible, ce d'autant qu'aucun personnage n'a vraiment d'aspérités - même le petit copain de l'héroïne se révèle un gros lourdaud) que dans la façon de filmer : si Meddour privilégie un montage ultra dynamique, avec changements constants de prises de vue, les images qu'elles captent sont par trop démonstratives : tout est fait notamment pour montrer la complicité constante entre les personnages féminins (on se tape dans les mains, on se sourit, on se prend dans les bras...) et ces "petits instants volés", captés à la volée ne paraissent jamais très naturels ; pourquoi ? Parce que Meddour insiste, insiste, insiste, enfonce le clou... C'est comme lorsqu'un des personnages se lance dans une chansonnette, il faut se taper toute la chanson avec mimiques, chorégraphie... c'est lourd, convenu, factice. De simples exemples ? Malheureusement, c'est à l'image de l'ensemble du film où tout est convenu, trop appuyé... On pourrait encore balancer les moments (infinis) où l'héroïne se lance (inspirée) dans la création d'un modèle de robe... C'est filmé dans la longueur, avec plein d'effets de flou, de gros plans sur sa bouche serrant des épingles, d'effets sonores, musicaux... Bref, tout est démonstratif, disais-je, et on se lasse de cette facilité pour servir un propos finalement si grave. Tant pis cha.

Papicha (2019) de Mounia Meddour

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