Y'a des fois, comme diraient Patrick Bruel et Calimero (ou, en un mot, Calogero), j'ai envie de dire qu'il y en marre, mais alors marre marre marre, que les Africains venus en Amérique se fassent exploiter par leurs patrons !!! Marre de ces cons de blancs, qui oublient (la femme, névrosée) de payer les heures sup, ou qui osent (l'homme, chaud comme la braise) se conduire comme DSK (oups, tu voulais pas coucher avec moi, PARDDDON !!!). C'est sur cette trame (attendue ? clicheteuse ? Ben oui un peu quand même) que repose le film de Jusu (que ses parents ont bêtement appelé Nijyatsu alors que Jitsu aurait sûrement été plus drôle). Pourquoi pas, il est bon pardois de dénoncer certains abus - encore faut-il ne pas trop en faire ou avoir du talent... Et là, nom de dieu, on sera servi au rayon des caricatures aussi bien au niveau su scénar que des personnages secondaires : notre Nanny exploitée ne pense qu'à son bambin laissé là-bas au Sénégal. Du coup elle se crêve au taff mais sa colère, sa vénéritude envers son nouveau statut (putain avant elle était prof, elle est trilingue !) et envers ses employeurs (qui, oubliant de la payer à sa juste valeur, retardent la venue de son fils), finissent par lui faire avoir des visions cauchemardesques (les Africains et la magie noire, ça va de paire non ?) : les éléments se déchainent contre elle (eau, feu), les bêtes sauvages l'assaillent la nuit venue (araignée (symbole ici de la rebellion dans un livre pour enfant), serpent) et elle vire un brin schizo (être à deux doigts de tuer la gamine dont on a la garde, c'est mal).

Pour renforcer ce scénario cousu de fils noirs (un moment, comme diraient les Deschiens, ça va péter !), on aura droit en parallèle, tout de même, à un début d'histoire d'amour avec un riche noir autochtone (la scène, au ralenti, où il lui passe le bras derrière sa nuque dans sa bagnole décapotable est ce que j'ai vu de pire depuis le "spectacle" d'ouverture au stade du Rance (je vous conseille l'article paru dans Libé ce matin, très rigolo - mais je m'égare)) et à la grand-mère d'icelui figure de "sage-marabout" stéréotypée à mort... Bref, Jusu, s'il pense faire le petit malin avec son côté "dénonciation sociale de ouf" mêlés à ses effets spéciaux à la con qui ne feraient même pas peur à mes chiens pourtant peureux (j'en ai deux nouveaux), finit par réaliser un film désastreusement risible à bien des endroits et terriblement convenu... Quant à la fin (noire ou d'un optimisme forcené ?), elle est d'un tel ridicule que j'en rirais encore si "Jean-Miche" Dujardin n'avait pas déjà épuisé toutes les larmes de mon corps. Nanny ? Pas du nanan... Si Criterion veut rendre hommage au "cinéma noir", ce qui part d'un bon principe, ils seraient sans doute plus avisés de puiser dans le vrai cinéma africain qui, lui, disparaît peu à peu sous les sables du Sahara...

Nanny (2022) de Nikyatu Jusu

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