Nom de Dieu, je me demande si la planète n'est pas en train de crever... Un Ricain nous prend gentiment par la main et nous emmène en territoire Yasuni, ce territoire équatorien où vivent encore quelques tribus qui résistèrent et tentent encore de résister farouchement (et tu te prends une lance au travers du corps sans avoir eu le temps d'y penser) à l'envahisseur. L'envahisseur a pour nom Shell, ou Texaco, ou les exploitants du bois, ou encore ceux qui paient des bêtes sauvages contre un casier de bières... Après nous avoir donné un petit topo sur l'histoire du coin, nous avoir montré la pollution évidente de ses exploitations de pétrole qui jouxtent cette réserve, le vidéaste nous montre enfin quelques images de cette tribu dont il est proche, dont il est pote... On prend un certain plaisir à découvrir la façon dont ces derniers survivants tentent encore et toujours... de vivre (putain, se balader à poil en pleine forêt tropical quand tu vois toutes les menaces potentielles, c'est de l'inconscience pure quand même...), tout comme celui d'être confronté à la diversité de la faune et de la flore locale. C'est vrai, c'est joli et sacrément diversifié... Dommage que le gars Killackey, dont l'on sent indéniablement l'engagement au côté de cette tribu, livre un doc à la fois très brouillon (on parle de l'histoire du coin, puis de la tribu, puis de l'expédition de spécialistes dans la zone pour faire des relevés des diverses espèces endémiques vivantes, puis on revient au problème de la pollution, puis on part en expédition sur les rivières, puis il est question de la résistance farouche des Waorani, puis du potentiel touristique du lieu...) et également une œuvre où il a une certaine tendance à vouloir absolument la ramener sur tous les sujets (une voix off définitivement exacerbante pour ne pas dire polluante) ; et je ne parle pas de cette façon de se filmer au milieu de ses super amis, genre "aventurier à fond qui a su, lui, se faire accepter" (le tee-shirt déchiré, c'est en trop... tout comme la scène où il se rase : on s'en fout grave...). Du même coup, cette démonstration tourne un peu au pamphlet d'un jeune rebelle qui, tout en évoquant la cause de ces tribus menacés, s'éparpille dans tous les sens ; on comprend bien que cette cause le touche mais cette façon de dénoncer systématiquement les politiques et ce foutu système capitaliste n'élève guère le niveau. On comprend l'urgence de la situation, on prend un vrai plaisir au passage à découvrir de bien belles images de cette nature encore protégée (même si on sert des fesses devant la mort de tapirs, mon animal totem...) mais la façon systématique qu'à Killackey de se mettre lui-même en scène et de faire feu de tout bois contre le reste du monde affaiblissent finalement un peu son propos... Demeurent un peuple et une nature saines qu'on devrait de toute façon, comme le reste, vite finir par achever - pas de raison que ces gens-là n'en chient pas un peu et restent purs...

Yasuni Man (2017) de Ryan Killackey

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