Ce Takeo Murata était inconnu de nos services et ne fera pas une grande percée dans notre esprit... Bah, rien de franchement honteux dans ce film de jeunes filles en fleur en milieu scolaire, juste une certaine platitude, un manque de nerfs et une capacité un peu pleurnicharde de nos jeunes âmes qui frôle parfois la mièvrerie. Après avoir exposé le comportement de nos filles disciplinées et rieuses en cours, on s'intéresse de plus près à certaines d'entre elles dans leur foyer : celle qui se dispute immanquablement avec son frère, celle qui remplace la mère morte, celle qui dort chaque matin comme un loir... C'est aussi passionnant qu'une tranche de pâté en croute mais cela ne nous empêche par autant de continuer de boulotter cette petite œuvre sans prétention. Si certaines réflexions nous font pousser des ah et des oh ("une femme doit obéir aux hommes" point, dixit la mater à sa fille un brin choquée par son manque d'empathie pour la race féminine), si cette école de jeunes filles, outre les cours de physique ou de je ne sais quoi, prépare semble-t-il avant tout la donzelle à être une bonne femme au foyer (comment accueillir ses invités, comment laver son linge sale, comment coudre...), on se dit qu'il y a peut-être chez Murata, éventuellement, une petite volonté de montrer que cette nouvelle génération sera un peu plus émancipée que la précédente : au-delà de la dévotion que nos jeunes filles montrent à l'égard de la figure tutélaire du mâle professeur, ces petites au détour d'une poignée de scènes tendraient à prouver qu'il y a en elles une graine de délinquantes (je ris, hein) : ainsi, lors de la sortie scolaire, toute une chambrée refuse de dormir, bouffe à tout va en mettant en commun leurs provisions et (attention les yeux !) font une sortie nocturne en bord de mer ; bain de minuit, premiers baisers... (là, je déconne, on est en 1941, il n'y a pas plus sage que la nipponne). Alors oui, bon, cela reste pour le coup très bon enfant... Ce petit film a au moins l'intérêt de nous montrer une petite tranche de vie de ces jeunes filles tendres comme de la mie (on pleure souvent pour un rien, on a l'estomac bien fragile, on peine à sortir du rang - c'est rien de le dire...) mais capables de faire preuve d'un minimum de solidarité et de compassion les unes envers les autres. C'est bien léger me direz-vous, j'en conviens, mais je ne m'attendais pas non plus à découvrir un Zéro de conduite à la sauce wasabi. Sage, un peu niais mais avec un petit soupçon d'insouciance pas si désagréable... surtout quand on pense à la traversée inéluctable, quelques mois plus tard, du cauchemar...

Schoolgirl Records (Jogakusei-ki) (1941) de Takeo Murata

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