On tente le film historique sous label anglais avec l'association Czinner-Korda : nous nous penchons ici sur le destin de cette impératrice russe, sans Garbo au casting... Alors oui, il est bon de voir dans les thirties un film tout à la gloire de cette femme, qui a un peu des allures de très jeune gourde au départ, les yeux tout rond quand elle s'agenouille auprès du tsar, et qui va peu à peu prendre du galon, se rapprocher des hommes, prendre le pouvoir. C'est un destin féminin tout ce qu'il y a de louable - à l'image d'ailleurs de la mère du tsar interprétée par la chevaline Flora Robson - et ce même si son mari, le dragueur Douglas Fairbanks Jr aussi pâle que couillon, est quand même loin d'être la panacée... Il n’était pas le mâle le plus difficile à terrasser, à effacer. Dès la nuit de noces, il la néglige, est ensuite à peine jaloux quand elle lui dit l'avoir trompé pendant deux ans avec une partie de la garnison, et finit par se faire méchamment doubler par ses propres hommes quand il veut la mettre au placard ; c'est lui que l'on veut exiler, elle que l'on souhaite acclamer. On n’est pas dans la reconstitution eisensteinienne ou vonsternbergienne grand crin, mais dans un truc à la Korda, propre, en intérieur, en costumes bien repassés. Bon. Mais pour tout vous dire, si le Douglas ne m'a pas paru franchement dans son assiette, je dois reconnaître que j'ai eu encore plus de mal avec cette Elisabeth Bergner dans le rôle de la petite Caherine qui fait son trou. Qu'elle joue l'étonnement la bouche en cul de poule, qu'elle sourit en mode je montre un maximum de dents, ou qu'elle lève les bras au ciel devant le peuple comme si elle avait marqué un but dans les arrêts de jeu, la pauvrette a autant de charisme qu'un Kleenex. Sa transformation de jeune fille naïve en femme à poigne est aussi crédible qu'un journal de Jean-Pierre Pernaut ; j'ai sans doute dormi en cours de route (devant un film anglais on a le droit, on a dit), n'empêche que cette transformation de femme faible en femme adulée m'a fait doucement sourire... On est content pour elle qu'elle renverse la vapeur, qu'elle soit reconnue pour ses seules qualités mais c'est un peu comme si Mimi Mathy tenter d’interpréter Margaret Thatcher : un moment, on ne peut pas non plus faire croire à tout. Du coup, ne trouvant guère le personnage principal particulièrement attachant (et crédible), j'ai eu toutes les peines du monde à m'attacher à ce récit se déroulant, qui plus est, entièrement dans les couloirs du pouvoir (ça sent le stuc) et avec autant de rebondissement qu’une mer d’huile. M'a laissé pour ainsi dire froid et affreusement dubitatif.

Catherine de Russie (The Rise of Catherine the Great) (1934) de Paul Czinner

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