Ah la diversité des films français : il y a les films « qualité française » , un peu chiants mais solides, les films « dossier de l’écran », parfaits pour un débat de société dans les magazines, les films « Art et Essai » que tout le monde encense et que très peu regardent, les films de genre (par exemple les films de Jacques Becker, uniquement pour les vieux) et puis il y a les films pour rien. D’amour et d’eau fraîche est à classer dans cette ultime catégorie au rayon « tranche de vie moderne des jeunes qui galèreeeeeeeent » : des acteurs qui s’agitent (Anaïs Demoustier et Pio Marmaï, deux acteurs avec des trémas, ce qui est rare) dans la jungle urbaine (elle, c’est une fille qui n’en veut mais les gens sont trop po gentils avec elle ; lui, il se démerde en volant des voitures, il doit avoir des potes dans la banlieue), des personnages qui aimeraient trop ne faire que s’aimer mais la vie est dure, des stéréotypes qui partent en live (trafic d’armes à la frontière, sûrement pour armer les mouvements de résistance berrichonne (mais le film garde le silence sur tout aspect trop politique, c’est un « film pour rien »)) et qui, comme la vie moderne est cruelle, auront des désillusions (de toute façon, c’est mal de critiquer son grand-frère qui bosse 60 heures par semaine en Suède chez Ikéa - l’imagination des scénaristes français dès qu’il s’agit d’évoquer « l’étrrrrrrranger » !)…

Anaïs n’avait pas eu de bol jusque-là (un stage qui se passe mal, des couchages avec des « vieux de 41 ans » - et moi je t’emm… petite, pardon - un peu glauques (si le type est bien conservé, on montre l’acte, sinon, on fait l’impasse : on est dans le cinoche esthétique, messieurs-dames), mais elle se rendra compte que prendre les chemins de traverse, c’est aussi achement dangereux quand même. Un film moins punk que Le grand Soir, de toute évidence, qui compte totalement pour du beurre… et de la crème fraîche, of course. (Shang - 30/10/12)

Ouais, mon Shang, hurlons d'un commun choeur indigné notre mépris complet pour ce genre de cinéma à la con, mais penchons-nous aussi deux secondes sur ce mystère insondable : comment Isabelle Czajka a-t-elle réussi à convaincre un producteur de se lancer dans ce machin ? Il n'y a absolument rien à sauver dans ce film, des acteurs à la musique, de la photo au scénario, même les draps du lit sont moches, même les bandes-annonces qui le précèdent sont ternes. Et cette autre question : pourquoi consacrer ne serait-ce que quelques lignes à ce fantôme de film, rigoureusement inutile et nul, consensuel et fadasse, amateur et même pas assez détestable pour déclencher un début de colère ? Shangols est parfois un sacerdoce. (Gols - 23/03/14)

D’amour et d’eau fraîche (2010) d’Isabelle Czajka

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