Things to come est à l'anticipation en 1936 ce que 2001, l'Odyssée de l'Espace sera à la science-fiction en 68 ? Non. Mais il y a dans ce film anglais quelque peu oublié pas mal de bonnes choses au moins techniquement parlant... On se régale en effet lors des longues plages d'images montées sur une musique pompière des séquences de destruction, de guerre, de modernisation à outrance... Une guerre, quelle guerre ?... La suivante ma bonne dame... Eh oui, car en 36, sur un scénar de Wells, on avait déjà prévu la guerre en 40... bon, il s'agit certes d'une guerre qui durera 30 ans et qui portera au pouvoir un dictateur habillé avec un gileton piqué à des éleveurs du Larzac (l'autre aspect prophétique ? Mouais n'exagérons rien). Donc une guerre longue, qui donnera l'occasion au décorateur et aux responsables des effets spéciaux de s'en donner à coeur joie. Effets de transparence avec des explosions dignes d'une bonne bombe nucléaire, superbes maquettes d'engins de guerre tout terrain, immenses ruines de bâtiments éventrés envahissant tout le set... Nan franchement, on en prend plein les yeux. Ensuite, on se projette jusqu'en 2034 - excusez du peu - dans une cité ultramoderne (les types qui ont fait Logan's run s'en seraient méchamment inspirés que cela ne m'étonnerait guère) avec une méga fusée, censée rejoindre la lune, qui rendrait Hergé fou furieux de jalousie... On passe d'une foule d'individus habillés de loques moyenâgeuses (quand on est pauvre, on s'habille comme en 1200, c'est comme ça) à des jeunes gens en toges et jupettes modernisés (l'exemple grecs, messieus dames... sûrement le côté le moins visionnaire du bazar, on est d'accord). C'est encore en 2034 une sorte de dictateur au pouvoir, un type hautement pacifiste qui pense que l'évolution passe avant tout par le progrés scientifique... Il va provoquer chez les gens de lettres une rébellion pas piquée des hannetons...

C'est joliment fait, donc, dommage que le scénar brille méchamment par son inconsistance... On sent bien que la prod a gonflé au max les effets spectaculaires mais pour le reste on s'ennuie mortellement... Qu'il s'agisse des grands discours politiques ennuyeux ou de petites séquences entre gens du commun, tout cela manque terriblement de fond et de liant. On a bien du mal à s'intéresser à un quelconque personnage de cette trame, personnages que l'on retrouve sporadiquement sans jamais que leur psychologie ou leurs affects soient fouillés. Du coup l'ensemble paraît au final terriblement décousu... Pour le plaisir des yeux - on est qui plus est dans le vintage (ma préférence au niveau des costumes allant forcément vers cet aviateur au casque en forme de suppositoire) -, quant au niveau émotionnel ou "intellectuel", faudra sans doute aller voir ailleurs...

Les Mondes futurs (Things to come) (1936) de William Cameron Menzies

Partager cet article