Elu il y a une dizaine d'années meilleure film finlandais de tous les temps (dur pour Kaurismaki...), cette œuvre avait de quoi aiguiser notre curiosité (qui s'aiguise pour un rien, certes). Fan d'Agatha Christie et de Cluedo, vous devriez vous sentir comme un poisson dans l'eau dans cette intrigue policière menée de main de maître par le fameux commissaire Palmu (d'autres œuvres suivront) qui a sous la main une bonne quinzaine de suspects... Au départ, un certain Bruno, personnage excentrique, est retrouvé noyé, après une soirée de fête bien arrosée, dans sa piscine - vu les traces de savon retrouvées au bord, il aurait glissé... Le Commissaire Palmu, appelé sur place, n'en croit rien et commence d'interroger tous les suspects présents sur les lieux lors de ces dernières 24 heures : des amis, des personnes de la famille, l'intrigant domestique et même un écrivain... C'est rapidement un tourbillon de personnages, de témoignages, de flash-back dans lequel on se retrouve à notre tour un peu noyé... Il ne nous reste plus qu'à faire confiance au Comissaire Palmu pour tenter de démêler l'écheveau...

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le gars Kassila n'a pas l'air très adepte du temps mort... Pluie de paroles, caméra sans cesse virevoltante, même si l'essentiel de l'action se passe en intérieur, on a jamais l'impression d'avoir le temps de se reposer l'esprit... Si, indéniablement, on a à peine le temps de cligner des yeux, on se retrouve quand même un peu trop rapidement submergé par ce torrent d'informations et d'individus - ceux qui aiment le calme pour pouvoir réfléchir deux secondes seront frustrées... l'autre petit problème qui se pose, c'est qu'on a pas vraiment l'impression que tout soit fait pour qu'on mène l'enquête : on a non seulement toujours un temps de retard face à l'action (cet individu a volé un chat ? Pourquoi ? ah ouais flash back, je comprends... A qui ? Ah ouais, l'information est là encore donnée plus tard) mais on a surtout trop peu d'éléments pour pouvoir élaborer une quelconque théorie personnelle (qui hérite, de quoi, qui a un alibi, qui n'en a pas, quelle tension existait auparavant entre ces deux personnages...). On a des éléments qui arrivent dans le désordre, de façon très disparate donc, aléatoire et très rapidement on sent que seul le Commissaire et son instinct auront une chance de régler le bazar... Il y a autant de pistes que d'individus provisoirement coupables, pistes qui sont toutes exploitées, individus qui se retrouvent tous un moment accusés... Il n'en restera finalement plus qu'un, à la fin, qui sera pointé du doigt (et avouons que la chute est beaucoup plus vite balancée et justifiée que la plupart des suspicions préalables...). Bref, si on doit reconnaître que l'enquête est menée de façon tourbillonnante, que le montage est ultra dynamique avec ces multiples allers-retours dans le passé, que les multiples personnages se retrouvent tous à un moment ou un autre au centre de l'attention, on peut regretter d'avoir cette impression de se sentir un peu à l'écart de cette enquête menée de bout en bout sans nous (impossible de se dire "mon sens de l'observation et de la logique paiera", rien n'est fait réellement dans ce sens). Gloire à Palmu pour ses déductions, gloire à Kassila pour son sens du rythme, dommage qu'on reste un peu simple observateur extérieur face à cette débauche d'énergie. Palpitant mais frustrant.

Le Mystère Rygseck (Komisario Palmun erehdys) (1960) de Matti Kassila

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