Un homme séparé de sa femme et sa gamine de 11 ans se retrouvent pour quelques semaines de vacances dans un hôtel en Turquie... Un sujet qui ne m'est pas tout à fait étranger, dirais-je, mine de rien... L'occasion, on le devine d'avance, pour que les deux se connectent, se reconnectent, resserrent ce fameux "bond" comme disent nos amis anglo-saxons (sans forcément parler de James), développent connivence et instants complices... On a peur des clichés, dès le départ, d'autant que ce père jeune et un peu maladroit se donne des airs hyper cool et que cette chtite, mutine et point timide, à un joli petit museau crop mignon... On restera assez sceptique, disons-le, durant toute la première partie, avec cette caméra qui tangue trop, ces scènes trop courtes, ces petits bouts de relation père-fille captée "à l'improviste", genre... On veut bien admettre (on assiste, se rendra-t-on compte par la suite, à une sorte de flash-back pour les deux individus) qu'il s'agit là de réminiscences plus ou moins floues, on veut bien accepter itou le fait qu'il s'agit de filmer cette relation sur le vif (comme le père a amené une petite caméra vidéo, on reste dans ce "style" de filmage flottant, spontané) mais on peine véritablement à se passionner pour cette petite historiette de vacances filmée par le petit bout de la lorgnette...

Heureusement, petit à petit, vont émerger quelques thèmes (notamment l'éveil à la sexualité de la chtite, simple spectatrice bienheureusement de ces adultes ou de ces jeunes ados qui s'agitent autour d'elle ou encore la difficulté à être toujours sur la même longueur d'onde pour ce père et cette fille "entre deux eaux"...) et, surtout, la cinéaste va se donner le temps de poser quelques-unes de ses séquences : c'est au détour d'une scène de karaoke (la chtite, toute seule, lâchée par son père, massacre Losing my Religion de REM) que commencent à se faire ressentir les premières petites tensions entre le père et la fille, une scène qui va également permettre de débloquer le film qui commençait à ronronner pour ne pas dire à s'embourber ; nos deux personnages principaux se lâchent enfin le temps d'une nuit où chacun est confronté à lui-même (le père n'endosse plus forcément ce rôle de "protecteur" qui semblait lui peser ; ce serait presque la fille qui finirait d'ailleurs par veiller sur son père) et vont finir par se retrouver, lors des derniers jours de vacances, comme sur un pied d'égalité (at last) : les échanges se font plus vifs, plus sincères, plus vrais et le film et ses personnages deviennent - enfin - un tantinet plus attachants... On respire un peu plus, à l'image de cette autre séquence musicale (Under pressure de Bowie et Mercury remixé de façon assez "sèche") où l'on ressent dans le filmage un peu plus de liberté, un peu moins de posture. On ne grimpe pas aux séquoias, mais disons que le film finit sur une note un peu plus juste. Petit film anglais qui finit par laisser émerger quelques gentils petits moments complices entre un père plein de bonne volonté mais un peu taiseux et une fille en début d'adolescence qui commence à s'ouvrir. Un peu foutraque sur la forme mais ce qui n'empêchera de finir par laisser poindre de légers soupçons de sensibilité et de justesse entre ce père et sa fille lors de cette parenthèse géo-temporelle. Indice 3.

Aftersun (2022) de Charlotte Wells

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