Trances est un doc, forcément musical (trans ? musical ? voilà), sur le groupe populaire marocain Nass El Ghiwane. Dès les premières images, on plonge dans la folie de l'un de leur concert devant une foule amassée que peinent à contenir les flics, une foule (guère féminine, se fait-on la remarque) déchaînée dès les premiers battements des différentes percus tradis. Nass El Ghiwane, c'est quatre hommes à l'allure ma foi bien banale (côté costume de scène, c'est pas franchement Laurent Voulzy), mais c'est surtout du son qui vibre dans l'échine et des paroles oscillant entre pacifisme et appel à la résistance. Au fur et à mesure du doc, on comprend que les quatre hommes, élevés plus ou moins dans une culture musicale sous influence occidentale, ont su plonger dans leurs racines, aussi bien au niveau des airs que des récits traditionnelles. Sans rien devoir à personne, ils défendent sur scène des chansons s'inspirant à 100% de la culture marocaine - c'était apparemment une gageure et c'est indéniablement une réussite. Si les paroles des chansons font autant référence au prophète, à la religion, qu'aux contes, qu'à l'histoire de leur pays, les effets de leur musique envoûtante, rythmée, qu'il s'agisse d'une cérémonie traditionnelle ou d'un concert en public, sont pour le moins "percutants" : vieilles personnes qui tombent en transe ou jeune fille à la danse hypnotique, nos quatre amis ne sont pas les derniers pour mettre l'ambiance. On les suit lors de répète à la coule, s'échangeant souvent des petites piques, nos quatre hommes ne donnant définitivement point l'impression que le succès leur soit monté à la tête. El Maanouni laisse également une certaine place aux images de ce pays, campagnes et ville, pour donner un petit cachet à ce groupe lié directement à cette terre, tirant certains de leur refrain de la vie quotidienne marocaine. On sent que cette musique, que ce groupe a du poids, a de l'influence (politique ?) mais on peine un peu à savoir dans quelle proportion, le doc ne s'attachant jamais véritablement dans ce domaine - c'est un peu dommage car on peine du coup à savoir quel est vraiment l'impact de ces musiciens sur ce peuple qui semble, déjà, en cette fin des années 70, ne demander qu'à "bouger". Joli voyage sur des airs arabisants diablement bien menés et découverte de quatre hommes dans le vent, pour ne pas dire dans le coup (du sirocco, forcément). Dépaysant, musicalement et spirituellement, en toute simplicité.

Trances (1981) de Ahmed El Maanouni

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