On est en pleine nouvelle vague polonaise... Pourquoi Morgenstern n'a-t-il pas laissé plus de souvenirs que cela ? Peut-être parce qu'il ne le méritait pas... Et pourtant, on a ici moults ingrédients faits pour nous plaire : un jeune metteur en scène un peu perdu (Zbigniew Cybulski, THE BG de l'époque, relativement secret derrière ces grosses lunettes teintées), une jeune fille (Teresa Tuszynska, du chien comme on dit, capable de jongler avec les langues comme avec les hommes) qui débarque de nulle part (du consulat français apparemment, français qu'elle parle d'ailleurs avec un ravissant accent), deux jeunes êtres qui se cherchent, qui déambulent en ville, qui flirtent, lui il aimerait bien que..., elle est beaucoup plus évasive... Un petit jeu de fille et de garçon comme on les aime, généralement, le scénario faisant la part belle à cette naissance amoureuse (ou début de naissance...) dans un monde en noir et blanc en guise de jolie toile de fond... Elle est charmante, il est un peu maladroit, elle le taquine, il est un peu concon... Ils jouent au tennis et s'attirent des amis inattendus (qui tournent immédiatement autour de la jeune fille pour la lui prendre... ça commence mal d'autant qu'il y a même ce petit branleur de Polanski qui semble avoir alors douze ans), il la cherche, tombe sur d'autres filles, mais c'est elle qu'il veut, elle va voir ses spectacles (des jeux de mains derrière un paravent, rien de bien passionnant, elle l'attend dans la salle, ils se captent), ils passent un peu de temps ensemble, elle s'échappe, un tour sur la plage, un baiser, un tour en ville mais elle s'échappe encore et toujours... blablabla...

On sent qu'il y a du potentiel dans cette oeuvre, mais avouons qu'elle ne décolle jamais vraiment... Il tire la tête, se plaît à la revoir, mais n'a pas grand-chose d'intéressant à lui dire... Elle est gaie comme un pinson, le titille mais n'a pas non plus grand-chose à lui raconter... Ils s'observent, se tournent autour, mais cela est vite un peu vain pour ne pas dire parfois carrément ennuyeux... On voit trop le déséquilibre entre eux, elle joue avec lui, il suit comme un bénêt... Ce n'est pas vraiment nouveau sous le soleil (même polonais) mais c'est tout de même vite un peu lassant... Le pauvre Zbigniew pour un instant de joie est vite envahi par le vague à l'âme devinant que cette donzelle tombée du ciel y repartira illico sans forcément se rappeler de lui. On aime certes cette atmosphère vintage, cette partie de tennis foireuse, cette visite d'église qui résonne un peu creux, ces jeux sur la plage, cet effort de description historique de la ville... mais on sent aussi que tout cela manque un peu d'intensité, de moments marquants, de vibrations... Pas inintéressant en soi, mais aussi léger et tristoune qu'un petit mouchoir blanc qu'on agite et qui se retrouve vite emportée par vent.

Au revoir, à demain (Do widzenia, do jutra...) (1960) de Janusz Morgenstern

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