A Moulins, rue de Paris, les Pélissier c'étaient les charcutiers, et les Chérasse les boulangers... Ah ce qu'on a pu faire comme parties de foot sur le parvis de la cathédrale. ! Oui, bien, rien à voir... Mais forcément, plus on creuse la filmo de Gene Tierney et moins on risque de tomber sur des choses intéressantes, c'est un fait. Ici tout part d'une situation honteusement banale : un prof au long nez (Leo Genn aussi sexy que mister Bean), mariée avec la divine Gene (plus dans sa prime jeunesse, on va pas non plus être désagréable) invite chez lui une de ses jeunes élèves... Elle est manifestement amoureuse de lui, Gene lui dit recta et la chtite s'enfuit... Le prof, tout contrit apparemment par cette triste mésaventure, rejoint la chtite au bord d'une cascade... et rentre chez lui... Pas de bol, la gamine disparaît. Meurtre du prof qui cache bien son jeu, assassinat d'un pervers, simple fugue, suicide...? Les langues vont bon train pendant une heure pour tenter d'échafauder les hypothèses les plus mesquines... Il est clair que le prof est en ligne de mire de toutes les pires rumeurs...

Un scénario pas plus con qu'un autre me direz-vous, dont Hitchcock aurait pu faire un chef d'oeuvre. Seulement Pélissier, dont la tête de veau était pourtant excellente, n'est pas Hitch... Loin s'en faut. Musique lourdaude, acteurs patauds (le père de la chtite, au jeu grossier, et la chtite herself qui n'a qu'une expression : l’effroi - et puis physiquement c'est pas Lolita, hein, ahahah - pardon, je m'égare), suspense à la ramasse, tout semble se traîner dans cette œuvre sans trouble, sans mystère, sans romance, sans peps... Si je vous dis que la seule chose que j'ai retenue c'est que Tierney a décidément un joli profil en fumant une cigarette, vous me direz que c'est un peu court et que c’est limite foutage de gueule. Ben c'est que j'ai guère plus de grain à moudre... Parmi les personnages secondaires, il y a une pauvre tante frustrée plus caricaturale qu'une vieille tante frustrée, deux gamines collégiennes fadasses qui racontent des potins comme si elles avaient 12 ans, un inspecteur qui semble complétement se branler de l'affaire comme s'il avait lu les dernières pages du scénar… Bref, on peut aisément se faire une manucure en mâtant ce genre de film sans réel rebondissement. Mais bon il y a la Gene (elle a alors l'âge du Christ et l'on sent déjà des stigmates d'inquiétude poindre sur son visage) dans le rôle pas très folichon de l'épouse doutant de son propre homme - elle est inquiète de bout en bout, plombant un peu plus ce film d'une légèreté de mammouth. Bien fait de fermer boutique, finalement, les Pélissier.

Une Affaire troublante (Personal Affair) (1953) de Anthony Pélissier

Partager cet article