On peut être délicat dans son jeu d'acteur et lourdissime dans sa réalisation, Jodie Foster en est la preuve vivante. On ne la reconnait absolument pas dans ce film laid et vulgaire, qui ne doit son existence que grâce à son nom et à celui de ses deux vedettes (vieillissantes). Sinon, on ne voit pas comment un producteur aurait pu prendre tel quel ce scénario improbable, et accepter telle quelle cette réalisation inregardable. Foster, c'est tout à son honneur, s'attaque aux méchants financiers qui nous gouvernent et à leur représentants néfastes : les présentateurs d'émissions économiques. Lee Gates (Clooney, rarement aussi mal regardé) est le cador du genre, et s'amuse avec les dollars et les actionnaires dans une émission spectaculaire, où il fait et défait les fortunes de ses contemporains. Ça va lui retomber sur la gueule sous la forme d'un petit loser, ruiné pour avoir suivi ses conseils, et qui vient le braquer en direct. S'ensuivra alors une émission pleine de périls, filmée par la réalisatrice Patty (Julia Roberts, qui n'a rien à jouer), et dont l'aboutissement sera la chute d'un empire financier monté par un félon. Dès le départ, on ne croit pas à cette émission, ringarde, laide, qu'on croirait issue de la télé des années 90. Foster échoue complètement à représenter la télé d'aujourd'hui, et dirige Clooney vers une sorte de caricature grossière, que l'acteur a du mal à endosser : pendant une majeure partie du film, il est vêtu d'une ceinture d'explosifs guère seyante, et exprime chacune de ses émotions avec des grimaces désesépérées. Le film, peu à peu, progresse vers une résolution politique, et c'est faire rentrer un éléphant dans une boîte à chaussures. Foster, malgré sa sincérité, est incapable de filmer ça, reste trop du côté du film d'action, et a de toute façon inventé le mauvais scénario pour ça. Elle tente de sortir du studio télé pour pointer du doigt la mondialisation, multiplie les coups de fil hystériques, les duplex et les caméras mobiles, mais reste définitivement ancrée au sol, débordée par le suspense (très faible) qu'elle a mis en place, toujours à cheval sur la comédie, le thriller et le pamphlet politique, sans jamais creuser l'un ou l'autre genre. Elle signe alors des scènes indignes d'elle, une érection dans les chiottes, des scènes de bar inutiles, des acteurs perdus dans des rôles inefficaces... La douleur est rude.

Money Monster de Jodie Foster - 2016

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