Remake contemporain d'un film déjà pas jojo, voici Candyman 2021, lecture genrée et racisée de l'histoire de ce fantôme ressurgissant du passé avec son crochet sanglant et sanguinaire pour se venger de ceux qui l'ont jadis lynché. Sûr qu'avec Jordan Peele à la production, il faut s'attendre à de l'indignation et du hashtag "blacklivematters". Bon, on se dit qu'on a un peu de mal à deviner comment il va pouvoir faire de la politique avec un vieux film d'horreur à deux balles ; mais le gars y arrive, et fait endosser au brave monstre toutes les tares subies par les Noirs depuis 5 siècles, plus la gentrification galopante de Chicago, plus la violence urbaine, ce qui lui fait quand même du boulot quand tu penses qu'il doit aussi éventrer des gens. Cette politisation du personnage lui va comme une paire de moufles à une poule faisane, mais à l'arrache le film peut sans rougir figurer à côté de tous ces films indignés, wokistes et poing levé qu'on se sent obligé de produire ces dernières années. Candyman revient donc venger ses frères, sous le regard fasciné d'un peintre contemporain, représentatif de la nouvelle génération de Noirs ayant atteint les couches boboisées de la culture ricaine. On voit bien le truc : s'approprier un pan de la culture pop blanche pour le réinventer à la sauce du racisme ambiant, bon, à la rigueur pourquoi pas ? Les films d'horreur ont souvent un fond politique et ont pu par le passé être brillants de ce côté-là (remember Carpenter ou Romero).

Mais ici, l'échec est cuisant : le film, ennuyeux comme un dimanche de pluie, jamais troublant ni effrayant, bavard comme une pie, oublie en voulant être signifiant tout ce qui fait la valeur d'un film d'horreur. Rien d'ambigu dans ce personnage, qui manque profondément de charisme ; et ce n'est pas le folklore un peu avarié qui entoure ses apparitions (il faut prononcer son nom face à un miroir, brrrr) qui le rend plus inquiétant pour autant. DaCosta s'est laissé enfermer dans sa démonstration politique, et enferme avec lui son personnage, trop symbolique finalement, et presque sympathique à force. Pour compenser, le gars nous sert des scènes d'horreur anachroniques (c'est quoi, ce massacre dans un lycée, complètement déconnecté du reste de la trame ?), mais le trouillomètre est à zéro : on frémit à peine devant ces tueries par ailleurs assez mal mises en scène, très pudiques, qui ne prennent jamais le gore à bras le corps. On appréciera tout de même quelques idées de mise en scène plus inspirées, comme cette utilisation de marionnettes d'ombres pour dévoiler des pans du passé, ou comme cet humour qui surgit dans les moments les plus inattendus. Mais dans l'ensemble, cette relecture du boogeyman à la lumière de la violence contemporaine est beaucoup trop démonstrative. Raté.

Universal Pictures France sort le film en Blu-Ray, 4K UHD, DVD et VOD le 16 février : le site Internet de l'éditeur, son Facebook et son Twitter.
Le lien vers la fiche Cinetrafic du film :https://www.cinetrafic.fr/film/57875/candyman

Candyman de Nia DaCosta - 2021

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