Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 avril 2024

LIVRE : Ça sur moi de Sébastien Joanniez - 2018

Autoportrait en pièces détachées, ce recueil de petites pièces poétiques du très attachant Sébastien Joanniez est une merveille de simplicité. Modestement, sans se la ramener, par une écriture qui n'en rajoute pas, qui cherche le bon mot au bon endroit et sait s'arrêter dès que la sensiblerie s'annonce, il tente de se comprendre lui-même, en tournant autour de quelques thèmes : sa dépression, son couple, sa maladie, son quotidien le plus trivial (courses au supermarché, discussions entre mecs au bistrot, coups de fil de sa femme). Il parvient ainsi, par tout petits coups de burin qui entament à peine sa surface, à donner l'image d'un être, imparfait, névrosé, pitoyable parfois, mais aussi volontiers joyeux. Ces pièces disposées comme des cailloux sur la page (le bougre est un adepte de l'anagramme), ont en commun, outre leur tentative de portraiturer leur auteur, un humour, une légèreté, une posture simple par rapport à la vie ; autant de tendances que vient démentir la dépression latente qui vient faire un tour dans presque toutes. Joanniez évite à tout prix le livre auto-centré ("Je ne cherche pas à faire de moi / Le sujet rêvé / D'un livre nombril"), tente au contraire d'universaliser son expérience ("Et peut-être suis-je / Trop présent ici / Dans ce cas / Laissez ce livre / Et prenez un miroir."), de dresser en quelque sorte le portrait du mâle ordinaire occidental d'aujourd'hui. Il y parvient en empruntant la toute petite porte, mais il y parvient tout aussi efficacement que les grands livres ambitieux. En notant minutieusement les minuscules soubresauts du quotidien, en évoquant avec la politesse de la simple évocation son passé, en haussant le ton mais juste un tout petit peu (ces "Elles m'énervent" de plus en plus gros dans la page, cette page emplie uniquement des mots "Indispensable" et "Inutile"), en rompant toute sentimentalité trop appuyée par des petits dessins naïfs (d'Aurélie Blanchin), mais en ne se privant pas du sentiment ("JE NE SAIS RIEN / QUE LA LUMIÈRE DU JOUR / ET LE JOUR ATTEND / QUE JE ME LÈVE"), il nous offre une pépite de délicatesse, drôle et très émouvante.

Commentaires
Derniers commentaires