Décrit comme l'endroit le plus dangereux du monde par les Nations-Unies (juste après Yzeure mais pour différentes raisons - là-bas tu risques quotidiennement de te prendre une balle, là tu as envie "dépressivement" de te tirer une balle), Cité Soleil n'est pas vraiment le quartier que tu aimerais habiter si tu devais sortir ton chien trois fois par jour. Dans ces bidonvilles vivent les "chimères" qui n'ont rien à envoyer au gaziers des favelas. Si t'as po ton gun, t'es mort. Soldats qui se prennent pour des Robin des Bois, ils ont soutenus pendant pas mal de temps le gouvernement Aristide qui d'un autre côté leur laissait carte blanche pour leurs exactions - cela s'appelle du donnant-donnant... Seulement une fois Aristide parti, c'est forcément l'heure des règlements des comptes et là tu risques de morfler mon frère. Le réalisateur nous donne à suivre deux des cinq chefs de clans de cette cité qui sont par ailleurs frères : entre liens de sang, tensions et intimidations, on peut dire que leur relation n'est pas toujours basée sur la confiance... Si Asger Leth parvient à nous faire rentrer de plain-pied dans l'atmosphère violente de la cité (comme le dit un des types interviewés, "j'ai envie de te tuer pour te prendre ta caméra", oui conditions de tournage pas des plus à la cool), on se demande un peu pourquoi il dope sans cesse son montage, sans parler de ces images clipesques unicolores - son sujet est suffisamment impressionnant en lui-même pour qu'il ne cherche point à nous épater avec ces 200 images minutes. Quant à la bluette entre un chef de gang et une médecin française, franchement on pouvait s'en passer - il y a là-dedans une certaine complaisance à nous montrer une intimité qui ne nous regarde absolument pas (ça sent l'esbroufe à mort, côté black et blanc...). En dehors de ces réserves, on cerne malgré tout une certaine réalité de la vie de ces gangsters toujours amenés malgré eux à se retrouver du mauvais côté... [Me demande si j'avais pas postulé là-bas fut un temps... pas à une connerie près faut dire...]

Ghosts of Cité Soleil (2006) d'Asger Leth

Partager cet article