Étonnant, ce docu sur Auguste François, consul de France dans le sud de la Chine, la région du Yunan, entre 1895 et 1905 : on y découvre les toutes premières images de la Chine filmées avec une caméra des Frères Lumière (l'appareil de projection marchant sans électricité, la Kinora Caster - Lumière avec des photos tirées sur papier vaut également son pesant d'e pop-corn) et d'innombrables photos illustrant cette époque particulière ; aventurier, sinophile, peu enclin à se mêler à ceux qu'il nomme les "Français d'exportation" (ils ont fait des petits...), Auguste François surnommé localement le "mandarin blanc" a parcouru cette région dans tous les sens (à cheval, en chaise à porteur ou en bicyclette...), visitant divers monastères, rencontrant non loin du Tibet le clan "résistant contre toute envahisseur" des Lolos, devant partir de la Chine lors de la révolution des Boxers (le consul, quelques poignées de Français armés jusqu'aux dents et une colonne de quatre-cents hommes, empruntent des routes sinueuses et ardues pour se rendre jusqu'à la fontière du Tonkin alors que la menace se fait pressante), y revenant pour construire un improbable chemin de fer (auquel pas moins de 50.000 hommes participèrent)...

Outre le parcours extravagant de cet homme relativement critique envers les politiques français de l'époque (Doumer) et les colons, on découvre des images saisissantes de ces villages chinois d'un autre âge : mendiants difformes et hordes en guenille, serviteurs et porteurs à chapeau pointu, ouvriers réalisant avec ce chemin de fer un travail d'Hercule ("à l'origine" pour rendre possible l'exploitation d'innombrables mines... inexistantes, la seule richesse de la région étant le cuivre, l'étain... et l'opium)... Certaines images prises lors des divers soulèvements et révoltes font froid dans le dos, qu'elles montrent des prisonniers la tête prise dans une "table" (po du tout pratique, en fait, pour ensuite se restaurer) ou que ces têtes reposent, loin de leur corps, à même le sol ou exposées dans des cages. Une page d'Histoire bougrement bien illustrée, ces cinquante minutes étant une véritable mine d'archives diverses (mini film, photos, illustration vintage...). L'ami Bas*ien devrait incontestablement y trouver son dû.

L'Oeil du Consul (1999) de Jorge Amat

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