Une histoire d'amour qui a bien du mal à "aboutir" entre un pianiste de jazz et une chanteuse à la voix chaude comme un sachet de châtaignes en automne. Comme l'histoire se passe entre Cuba (avant la révolution) et les États-Unis, on serait presque tenté de faire un parallèle entre les deux pays puisque malgré les multiples accointances musicales, les relations "politiques, "officielles" ont bien du mal à se renouer... Mais cette piste est à peine effleurée par Trueba (sans faire l'impasse tout de même sur d'autres aspects de fond tels que la ségrégation aux States ou l'impasse, à Cuba, sur cette musique jugée "capitaliste" à l'ère castriste) qui se concentre surtout sur la sensualité évidente qui se dégage de ce couple et sur des airs de musique très inspirés (si on retrouve sur la bande originale les noms de Gillespie ou Charlie Parker, je ne cache point une certaine préférence pour les chansons envoûtantes entonnées par la divine Rita...). Comme le trait des dessins signés Marisca possède une réelle beauté (de la recréation de la Havane à la fin des années 40 ou États-Unis des années 50 aux dessins de ces corps magnifiquement mis en mouvement), il est difficile de ne pas se laisser emporter par le charme de cette œuvre de Trueba. Certes le scénario peut sembler en lui-même un peu "convenu" et répétitif (les multiples incidents qui séparent à chaque fois Chico et Rita (l'intervention d'une femme, la signature d'un contrat, les agissements de leurs proches, les problèmes politiques...)) et peine à vraiment nous passionner sur quatre-vingt-dix minutes... On préférera garder en tête les danses endiablées et les sobres envolées lyriques de Rita (qui ne craque point sur la version de Besame mucho est un tapir en pierre) qui méritent à elles seules ce petit voyage cinématographique, animé et temporel outre-atlantique.

Chico & Rita (Chico and Rita) (2011) de Fernando Trueba, Javier Marisca et Tono Errandol

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