Ce Daniele Vicari m'a tout l'air de faire partie de cette famille de cinéastes burnés et un peu concons, ayant décidé d'en découdre avec le système et se servant pour ce faire d'armes un peu lourdaudes. Rien que de digne pourtant dans le projet de Diaz : retracer le plus fidèlement possible ce qui s'est passé le 22 juillet 2001, en marge du sommet du G8 à Gênes ; soit l'assaut hardcore de la police contre un groupe d'altermondialistes pas bien méchants, qu'elle a confondu (volontairement ou non) avec des Black blocs. Une nuit de violence totale, au bout de laquelle un mort et des dizaines de blessés ont été à déplorer, ainsi qu'une suite de maltraitances assez horribles opérées par les flics, et une impunité totale au final de la part de la justice. Un de ces événements à vous faire vous lever de votre fauteuil pour vous inscrire à une asso, ou en tout cas qui vous laisse avec un goût d'injustice et d'amertume profond en bouche. Vicari, documents à l'appui, nous donne donc à voir chaque petit détail de cette spirale, tantôt du côté d'un journaliste, tantôt de celui d'une jeune fille maltraitée, tantôt du côté d'un flic, tantôt du côté d'un rescapé qui a réussi à se planquer, etc. Un film choral, au final, qui donne une vision glaçante de cet événement. Ne nous épargnant aucune violence (et encore, il paraît que le film a évité les trucs trop hard), il nous plonge dans un bain de tension et fabrique un film très éprouvant, mettant en lumière la violence aveugle d'une police avide de vengeance envers ces petits jeunes qui la nargue.

C'est efficace, rien à dire, même si le choix de montage s'avère assez chaotique. En multipliant les points de vue, le film nous perd parfois, ou en tout cas nous interdit de nous projeter dans un personnage ou un autre, ceux-ci manquant d'incarnation, de caractère. Les manifestants sont une masse dont Vicari a du mal à extraire une personnalité, la police pareil, et on confond un peu tout le monde. D'autant que la narration est bordélique, revenant en arrière et jouant avec le temps de façon trop complexe pour un film aussi peu tenu. Car, oui, il accuse bien des défauts un peu amateur, dans l'interprétation bourrine, dans la figuration, dans les scènes de foule qui nécessiteraient un grand metteur en scène quand on n'a qu'un faiseur peu doué. Vicari manque de sens de la mise en scène, avec son montage chaotique, ses scènes d'ensemble un peu illisibles, sa volonté d'être efficace malgré tout. Son film est fatigant à force, et l’intérêt de ce qui est raconté ne compense pas ces défauts. Ceci dit, la violence est filmée frontalement, et reste impressionnante si vous aimez les films à la Bac Nord. Ça et là, on parvient à ressentir la tension qui se dégage de cette nuit horrible, la peur d'être débusqué, la brutalité aveugle des policiers, l'ouragan de violence qui s'est déclenché le temps de quelques heures. La sincérité et la recherche d'authenticité ne font aucun doute, et le film a au moins le mérite de nous montrer un événement qui nous avait échappé dans toute son horreur. Un film pour se souvenir, quoi ; pour réfléchir, on regardera autre chose.

Diaz : un crime d'État (Diaz : Don't Clean Up This Blood) de Daniele Vicari - 2012

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