On ne sait jamais trop ce que l'on va pouvoir retirer de ces "docs d'analyse cinématographique" toujours un peu pompeux et verbeux - et souvent très richement illustrés à grands coups d'extraits dans tous les sens... On se plie malgré tout ici au concept (découpé en six chapitres, avec six narrateurs différents (dont un certain John Waters) passionnés par l'univers de Lynch et celui de Fleming), toujours friand de pouvoir revoir le monde ultra-coloré d'Oz et surtout de se retaper toute une panoplie d'extraits de films de Lynch. Disons-le, à ce petit jeu des comparaison, ce sont surtout Sailor et Lula, Mulholland Dr, et Twin Peaks the Return qui remportent haut-la-main le nombre de citations. Si le gars Philippe ne nous révèle rien de bien secret ni de révolutionnaire, on prend tout de même plaisir à constater (même quand cela finit par être un peu tiré par les cheveux) les multiples allusions au monde ozien dans le monde lynchien.

Il sera donc question ici de vent (mais oui, et ce n'est pas une surprise tant on est familier avec les woufffffffff qui traversent les films de Lynch), de chansons post-synchronisées ou encore de fées (dans leur bulle rosâtre) ou de sorcières (sur leur balai à double turbo). On sait d'avance l'attachement de Lynch pour ce film de Fleming, on ne se gêne donc point pour tenter de voir, à la moindre occasion magique, à la moindre citation d'arc-en-ciel, aux moindres chaussures rouges, un lien entre les deux cinéastes. On en profite souvent au passage pour montrer l'attachement (et la critique) de Lynch par rapport au monde des fifties (des blousons de cuir à James Dean, Elvis et Brando en passant par les pin-up), pour évoquer son attachement aux doppelganger (tout un roman chez Lynch) ou encore pour tenter de voir dans la plupart de ses oeuvres un parallèle avec la structure du scénario de Oz : une personne qui passe dans un univers parallèle, qui voyage géographiquement ou spirituellement, et qui aspire au final à retourner chez elle... A ce petit jeu-là de la parabole, on n'est pas dupe, les concepteur de la chose non plus, nombre de films pourraient facilement correspondre à ce genre de schéma très général - un passage de l'adolescence au monde adulte, un récit d'apprentissage, etc... Ce sera l'occasion, au passage, de se taper des films très disparates (tiens, Gremlins, Oh, Retour vers le futur, oups Spielberg, eheh Myazaki...) où l'on s'amuse à retrouver de multiples caractéristiques communes sur ce thème d'un monde parallèle (rêve et/ou cauchemar) terrain d'expériences riches... Cette petite analyse qu'on pensait au départ assez pointue a tendance à déborder un brin de son cadre (et si on s'amusait aussi à trouver des motifs qui se répètent chez Antonioni, ou Spike Lee, ou Kiarostami ou... ouais, on lâche les chevaux grâve...)... On en voudra pas forcément aux concepteurs puisque tous ces fils que l'on tente de tisser entre les oeuvres (qu'il s'agisse de détails, d'objets, ou de concept philosophique...) nous remémore (en particulier dans Twin Peaks III) de multiples petits détails sur lesquels on était passé (happé totalement par la série) un peu rapidement. Une petite friandise pour fans invétérés (et pour ceux, comme l'ami Bastien, qui aiment à faire des analogies entre les films - en particulier quand ils sont persuadés d'être les seuls à les voir). Un petit tour d'arc-en-ciel qui ne mange pas de pain.

Lynch / Oz (2022) de Alexandre O. Philippe

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