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12 juillet 2018

The Proud Valley (1940) de Pen Tennyson

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Paul Robeson is back et endosse ici deux casquettes : celui d'un mineur héroïque et d'un chanteur avec la voix plus caverneuse qu'une grotte thaïlandaise. C'est la crise dans ce bon pays de Galles et Paul erre. Il fait la rencontre d'un vieux qui a une stratégie toute piscénoise pour se faire de la thune : aller en ville et chanter comme une casserole - les gens finissent par craquer et lui donnent de l'argent pour qu'il passe son chemin... Malin. Seulement le Paul n'aura pas besoin d'user d’un tel stratagème. Il se fait très vite remarquer avec sa voix de stentor, rejoint la chorale des mineurs puis la mine grâce à l'aide d'un certain Dick Parry (Edward Chapman) maître de chœur et mineur influent. Le Gallois, malgré quelques menus propos racistes épars (c'est un étranger, noir en plus...), a un coeur gros comme ça et accepte vite le Paul dans sa petite communauté. Paul fait son trou mais qui dit mine, dit grisou et boum c'est l'accident. Dick Parry périt et la mine est fermée... Nos mineurs broient du noir (festival) et décident d'entamer, en cette fin des années 30, une marche jusqu'à Londres pour avoir l'autorisation d'ouvrir la mine (on se battait pour avoir du taff à l'époque). Les responsables gouvernementaux sont sceptiques (c'est dangereux) mais les mineurs tiennent leur argument : pas plus que la guerre qui s'annonce. Pas faux. Et nous voilà repartis au fond du trou, au fond de cette mine qui n'a pas fini de réserver des surprises. Un film noir, charbon, avec des chants locaux pour redonner espoir et croire en l'avenir...

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Paul, qui dépasse de deux têtes chaque Gallois, est le tôlier, celui dont chaque note va directement au ciel dans l'oreille du Saint-Père, celui qui prend sur lui dans la mine dès que cela devient périlleux. Bref, Paul est une masse, un black perdu parmi les petits blancs mais dont le sens du sacrifice fera de lui un héros. C'est parfait en ces temps de propagande, on a besoin de toutes les forces vives du pays pour vaincre le moustachu. Alors, bon, au-delà du fait que le rôle est taillé pour les larges épaules de Paul, au-delà du fait qu'on doit se taper quelques chants qui tapent vite sur les nerfs (ah oui moi les chorales, pas ma came), on peut reconnaître à la chose un certain réalisme : qu'il s'agisse de décrire ces familles nombreuses qui vivent avec deux sous (le côté Germinal au nord du nord), les rixes entre voisins, la gentille fille qu'on épouse (...), ou ces instants passés dans la mine avec le danger qui plane partout : poche de gaz, incendie, étais qui s'effondrent, chariots remplis de charbon qui déraillent… La vie de mineur n'est pas celle d'un rond de cuir, c'est un fait. Bon, après, même si c'est bourré de bons sentiments bienveillants (l'apologie du Paul), c'est un peu trop prévisible pour qu'on regarde béatement la chose. On est content de voir notre ami Paul Robeson endosser ce lourd fardeau (le Black est bon et le Gallois le lui rend bien) mais Tennyson, avec ces fonds d'écran parfois un peu grossiers, est loin de nous couper cinématographiquement la chique. Une bonne pierre filmique dans le parcours héroïque du Paul, ce sera mon mot de la fin.

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 The Criterion Collection

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