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6 avril 2008

Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery) de Woody Allen - 1993

004710_27Allier ainsi la rigolade la plus franche à une telle élégance relève du défi, défi que le Woody réussit haut la main : Manhattan Murder Mystery est un de ses plus grands films à tous points de vue -mise en scène, vannes qui tuent et jeu d'acteurs. Les dialogues (pour la dernière fois depuis 15 ans ?) sont au millimètre, chaque scène se concluant par une de ces répliques hilarantes qui ont fait la gloire du gars, dans un jeu de ping-pong verbal proche de l'hystérie entre Woody et Diane Keaton. Le débit de parole se calcule en micro-seconde, Allen enchaînant les "Oh my god you know I'm just you knom I I I jus't can't believe it" avec une folie communicative. D'autant que Keaton n'est pas en reste : même si Woody s'octroie les meilleures répliques, elle mène le jeu avec une énergie débordante, créant un personnage attendrissant, énervant, crédible à mort entre deux sorties alleniennes.

wk0307murderLe scénario est lui aussi superbe, une vraie enquête policière fort bien menée, forte en rebondissments, en suspense et en supputations. Le couple se démène à l'intérieur d'une enquête touffue, et c'est déjà un vrai plaisir, mais en plus Woody dégage une petite réflexion sur l'usure du couple, sur la jalousie, sur la nécessité d'habiller une vie morne avec quelques décharges d'adrénaline, qui rend le film plus subtil et profond que le simple amusement. Certes, ça reste un pur divertissement, mais intelligent et parfois gentiment profond. Les seconds rôles, au taquet, sont là pour amener des contrepoints salutaires au couple vedette, ouvrant subtilement le film vers un portrait sur la fidélité de Woody lui-même par rapport à ses acteurs : il retrouve après des années sa partenaire fêtiche, et le duo éclate littéralement de complicité et d'amour, mais il prend aussi acte du passage de témoins dans son cinéma, convoquant des figures habituelles dans son univers. Alan Alda, en célibataire vieillissant mais romantique, et Anjelica Houston, en flambeuse fatale, sont parfaits. Du point de vue des acteurs, Manhattan Murder Mystery pourrait bien être une sorte de bilan de carrière de la part d'Allen, et un sympathique portrait d'une "famille" de cinéma.

manhattan_murder_mystery1Et puis il y a la mise en scène, d'un raffinement total. Woody creuse son style "caméra à l'épaule" déjà en place dans Husbands and Wives, mais ici, avec plus de calme, plus de tranquillité. Les scènes d'appartement, notamment, font un lien magnifique entre l'utilisation des décors de September par exemple (pièces vides, travellings "coulés" pour passer d'un personnage à un autre, présence du regard qui précède celle des acteurs) et celle du futur Deconstructing Harry (urgence du filmage, décadrages, "maladresses"). Le semblant de prise directe de chaque scène fait merveille dans ces longs plans-séquences (l'essentiel du film est dénué totalement de coupes à l'intérieur des plans, le rythme s'accélérant un peu sur la dernière demi-heure) qui suivent les dialogues et les personnages, qu'ils soient en intimité à une table de restaurant ou en train de se parler d'une pièce à l'autre, ou qui, brusquement, panottent avec rapidité pour cadrer le petit détail qui va bouleverser l'enquête. Du meurtre_mysterieux_a_manhattan_manhattan_murder_mystery_1993_referencecoup, Woody tente plein de petites choses qui tranchent avec sa réputation de metteur en scène sobre : des mises au point qui changent brusquement au cours d'un dialogue, ou des zooms vertigineux. Sans oublier ces élégantes vues aériennes sur son cher Manhattan, le pendant en couleurs de la beauté des premiers plans de Manhattan justement. La musique, très variée bien que restant dans le registre du jazz, la photo magnifique, les décors, tout contribue à la beauté de ce film, ambitieux sous ses airs de petite chose sans conséquence. Grande réussite donc, prenante, poilante, raffinée et précieuse. Woody for ever.

Tout sur Woody sans oser le demander : clique

Commentaires
K
Avec quoi êtes-vous donc d accord cher gols ? <br /> Et pour le coup ? Que signifie cette expression " du coup " fo ku mdr<br /> Rhétorique creuse et envolée lyriques toi-même lol<br /> Non mais<br /> Veuillez répondre par des arguments et non par cette pseudo-réponse ...<br /> J' ai avancé ma réflexion et mon point de vue , et vous un revers de main indigne d' un blog où le cinéma se veut cration artistique.<br /> Moi qui pensais que la langue de bois n' était que politique. La contagion est évidente lorsqu' on n ' pas de pion à jouer sinon des impressions subjectives et téintées de sarcasme. ( tout votre charabia cher alex et votre clin d oeil dico cher gols )<br /> A bon entendeur<br /> Et vive le Cinéma!!
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K
N' aboutir à rien ? <br /> Soit.<br /> Nous ne percevons les mêmes choses mais que la loi des représentations est implacables.<br /> Et c ' est tant mieux ...<br /> Nous ne parlons pas la même langue ( même si nous avons le même dictionnaire lol gols ).<br /> Et oui pauvres de nous Rimbaud, Holderlin, Caravaggio, di lasso, beethoven,Van Gogh, balthus, mizoguchi, pasolini, pialat, fellini ...
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G
Désolé, kabirio, mais je vais me ranger du côté de Alexander, pour le coup. Ceci dit, vous avez un bon dictionnaire Larousse avec plein de mots dedans.
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A
Le problème avec ces belles envolées mystico-lyriques sur le sublime mystère de l'Art et du Génie, c'est, qu'en plus de donner mal à la tête, elles n'aboutissent à rien. C'est de la rhétorique creuse, résultante d'une déperdition de sens de certains mots très concret. Originellement, l'art est juste une technique, la poésie, une création quelconque (poesis)…<br /> <br /> Il a suffit d'un petit siècle de romantisme pour assombrir tout le vocabulaire de l'esthétique occidentale. On en mesure aujourd'hui les dégâts…
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B
Pouloulou, j'ai mal à la tête.
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