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Shangols
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5 juin 2009

Manhattan (1979) de Woody Allen

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Je considérerai toujours Manhattan parmi les plus grandes réussites du père Woody. Ce film est un pur enchantement au niveau de la mise en scène de New-York, de la musique somptueuse, de l'image noir et blanc à la fois velouté et jouant, sur le noir, avec merveille, du gars Woody qui sort une craque toutes les trente secondes au milieu de ces trois femmes fabuleuses - Meryl Streep qui ne joue pas encore trop à l'actrice est d'une beauté frauduleuse, Mariel Hemingway titille déjà de sa jeunesse le maître dans sa quarantaine, Diane Keaton en adversaire de choc en terme de discussion culturelle ou psychanalytique. C'est une féerie qu'il est bon de revoir le plus souvent possible.

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Plus Woody semble désarçonné - son ex-femme qui l'a quitté pour une autre femme... et qui écrit un livre sur sa relation passée avec notre hurluberlu; Mariel Hemingway, tout juste 17 ans - ce qui est mal (...); Keaton qu'il déteste au premier abord par ses avis tranchés sur tout ce qu'elle évoque et par laquelle il va se sentir inexorablement attiré -, plus il tente de sauver la face avec ses éternelles piques humoristiques qui parfois viennent de nulle part ("Ses amis semblent sortir d'un film de Fellini"; "Si elle avait continué à critiquer Bergman, je lui aurais brisé ses verres de contact"; "Un moustique m'a pris tout le sang de la jambe gauche..."- c'est un véritable festival qui provoque un rictus toutes les minutes : il signe bien là en effet l'une de ses partitions les plus inspirées notamment au niveau des dialogues. Balloté constamment entre ces trois - types de - femmes, il tarde à voir la vérité en face et sa course finale dans les rues New-Yorkaises est à couper le souffle. Entre-temps, il y aura ces fameuses séquences qui gardent encore et toujours une poésie indémodable : celle, à l'aube, dans un léger brouillard, au pied du pont de Manhattan, celle, encore, dans le Planétarium où chaque plan est une magnifique idée de mise en scène, chaque décor cosmique servant miraculeusement de toile de fond à cet amour qui s'éveille, ou celle, encore, où, allongé, se psychanalysant tout seul il fait une sorte de bilan des raisons pour lesquelles la vie vaut d'être vécue. Il y a une richesse terrible dans ces mots qui fusent mais également de nombreuses petits trouvailles - dont l'on retrouvera plus tard dans son oeuvre des variations - comme ce plan fixe sur le couloir de son appart où il ne cesse d'aller et venir entre les différentes pièces, laissant la plupart du temps le champ désert alors que les mots continuent d'affluer à un rythme incroyable...

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Bref, en un mot comme en cent, Manhattan n'est vraiment que du bonheur - 30 ans déjà et pas une ride quelle qu'elle soit...

Tout sur Woody sans oser le demander : clique

Commentaires
G
Quelle verve, Mariaque ! Je reconnais dans vos commentaires un véritable frère d'arme cinématographique, jusque dans l'emploi déraisonnable des moultes parenthèses. Votre enthousiasme est communicatif, vos connaissances forcent le respect, je vous salue donc bien bas pour ces remarques.<br /> Pour répondre à celles-ci : oui, Manhattan fait partie de ces films qu'on aime, qu'on peut revoir 115 fois sans se lasser, mais dont il est difficile de préciser en quoi il nous touche tant. Tant pis s'il faut renoncer à un certain goût pour le cinéma pour goûter ce film-là : il est trop beau pour qu'on fasse la fine bouche.<br /> Revenez quand vous voulez, c'est du plaisir.
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M
On ne vous parlera pas de Pierre Bouteiller (pour le Quotidien de Paris), Robert Benayoun (au Point) et quelques autres, renversés d'aise sur le dos... On ne vous ressortira pas les légendes hypocondriaques du tournage ou celles, fameuses, de l'après (oh puis si, même si on ne vous apprend rien là: Woody promettant à United Artists de leur faire un film gratos contre le renoncement à distribuer la triste chose qu'il venait de tourner en N&B et Gershwin), ni ne rappellerons aux fans de Friends que les déboires de Ross avec son ex-femme (révélée lesbienne) sont directement inspirés de ceux d'Isaac et Jill (Meryl Streep)... pas plus que nous ne vous communiquerons véritablement notre rapport personnel au film, ayant un mal de chien à le verbaliser ! Petite culpabilité bourgeoise (le film est parfait « pour les cadres intellectuels » lâchait encore Manchette), autosatisfaite paresse cinéphile (ah ! la petite musique allenienne, deuxième manière, à l'occasion de laquelle on se rengorge (to puff oneself up) à chaque référence saisie !) et sincère, vibrant, ravissement plastique (la prodigieuse photo contrastée de Gordon Willis !, son cadre et le montage de Susan Morse: tout concorde au ravissement post-moderno-urbain) sont évidemment inégalement dosés dans le cocktail de notre approbation entendue et largement partagée (certains faisant tourner la tête plus que d'autres, à l'instar de cette célébrissime ouverture)...<br /> Manhattan est un film qu'on aime (c'est d'ailleurs légitime et justifié) mais avec lequel cependant il serait impossible de se définir vraiment, sincèrement (d'autres Allen le permettant en revanche à mon sens (Crimes & Délits ?)). Comme High Noon est, tel que le prétend Vincent d'Inisfree, le western de ceusses qui n'aiment pas vraiment le western, sans doute Manhattan s'avère être le film préféré de ceux qui ne bittent ni ne goûtent que peu au cinoche au fond (j'ose cette hardie équation en en ayant eu la tiède illustration, fut un temps, dans mon entourage...). Et pourtant c'est un diablement bon film, non ?<br /> <br /> (note replacée dans son contexte, ici:<br /> http://eightdayzaweek.blogspot.com/2008/06/quel-film-avons-nous-vu-ce-jour_05.html)
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