September (1987) de Woody Allen
September est dans la veine bergmano-intimisto-minimaliste du Woody, et franchement c'est tristoune comme un arbre de Noël sans guirlande. Comme dans le suivant, Une autre Femme, il y a cette peur de l'héroïne, jouée par une Mia habillée comme une "réfugiée polonaise", de passer à côté de sa vie. Faut dire qu'entre une mère forte en gueule qui l'a entrainée dans un secret de famille lourd comme un boulet et le jeune homme qu'elle a rencontré qui n'a d'yeux que pour sa meilleure amie (excellente Dianne Wiest), il y a de quoi se tirer une balle... Elle a d'ailleurs déjà essayé les somnifères, sans trop y croire. Un unique décor meublé en bois suédois, une photographie orangissime de Carlo Di Palma éclairée, semble-t-il, par l'affiche de Folon, des plan-séquences de toute beauté, mais franchement, on en ressort avec un bourdon terrible. On aurait presque envie de faire le chemin inverse de La Rose pourpre pour secouer tous ces personnages qui tirent des tronchent d'enterrement. On comprend bien que la situation est po simple : le vieux Howard en pince pour la jeune Mia qui veut vivre avec le gars Peter qui flirte avec la Dianne qui est déjà mariée - et avec en bruit de fond, la mère de Mia qui vocifère des anecdotes dont presque tout le monde se fout - bon, au moins la vieille a la patate, mais elle parle fort quand même. Ah ben oui, la vie est mal faite, ah ben on est toujours attiré par ce que l'on ne peut pas avoir, ah ben en plus on se fait trahir chez soi, juste son nez (le baiser entre Peter et la Dianne dans la remise terrasse la Mia). Certes la vie est parfois triste comme une noisette vide mais l'atmosphère générale est tellement plombante (même les plombs finissent par sauter d'ailleurs) qu'on finit par pousser de gros soupirs en attendant que le Woody retrouve la patate ou la bananas. C'est formellement nickel, faut l'avouer - par peur de s'endormir, on finirait presque par réfléchir au positionnement de la caméra à chaque plan (et c'est évidemment somptueux) - mais loin d'être un Septembre rose... Même d'ailleurs quand cela finit par exploser, on continue à serrer des fesses, tout tendu qu'on est par cette ambiance mortifère... Bon, il doit me rester un fond de whisky.
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