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16 septembre 2014

LIVRE : Dialogue d'été d'Anne Serre - 2014

9782715234291,0-2175716Anne Serre m'avait tellement épaté avec Petite Table, sois mise que je n'ai pu qu'être un poil déçu devant ce nouveau livre. Pas à dire, c'est moins bien, moins casse-cou, moins original, moins stupéfiant. Mais tout de même : voilà encore un essai vraiment unique, qui nous fait voyager le long du sujet le plus ardu qui soit : comment parler de l'inspiration littéraire, comment rendre compte de ce qu'est le processus d'écriture ? Abstraction totale que ce travail ineffable, que Serre décide pourtant d'attaquer frontalement, par un biais quasi-physique. On assiste à un dialogue entre une auteur et un intervieweur, ce dernier questionnant la première sur sa méthode d'écriture, sur sa définition de l'imaginaire, etc. Dès le départ, on est happé par les images fortes mises en place : le monde littéraire est un jardin gardé par une porte, et on patiente de l'autre côté, armé de tous les personnages et toutes les bribes de fiction qui piétinent. L'auteur-personnage file cette jolie métaphore en allant assez loin dans la jonglerie, envisageant son travail comme un travail tout aussi corporel qu'intellectuel. Peu à peu, des débuts de trame fleurissent, des relents d'enfance, des fictions mêlant l'autobiographie (la figure de la mère est omniprésente) et un rêve à la Lewis Carroll, le passé et le présent, et on retrouve là avec plaisir la Anne Serre amoureuse du conte et de la fantaisie, de l'allégorie morbide et des fées. Avec beaucoup d'audace, Serre serre à bras-le corps ce sujet absolument insaisissable, et livre un essai tonique et vivant sur la littérature, débarrassé de toute trace de crânerie ou de psychologie à la con. Et puis au final, on devine que derrière cet essai sur la littérature il y a une quête beaucoup plus douloureuse, celle d'une mère morte avec qui on aurait aimé tresser un dialogue ; l'effort d'écriture devient alors une recherche du temps perdu, et c'est bien troublant. Moins entêtante que dans son texte précédent, donc, mais bien intéressante quand même et toujours aussi inédite : une écriture à part.

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