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16 septembre 2014

LIVRE : Viva de Patrick Deville - 2014

« Je buvais pour noyer ma peine, mais cette garce a appris à nager »
Frida (al) Kahlo

devilleLa différence entre Deville et Beigbeder, c’est que l’un est écrivain, « de métier », et pas l’autre. Deville aurait pu nommer son livre, si seul l’aspect marketing l’intéressait Léon et Lowry ou Malcolm et Trotsky. Il n’en fit rien et c’est tant mieux : derrière ce simple "viva", il y a bien sûr la révolution, une foultitude d’artistes qui vivota et mourut (« viva les artistes », autre expression moins connue malheureusement), ou encore, bien sûr, la muerte (mon espagnol étant aussi vivant que mon mandarin ou mon shimwali). L’écrivain nous propose une véritable plongée dans le Mexique de la première partie du XXème siècle (et qui dit Mexique dit téquila - ce qui donne tout de suite envie de boire la tasse) sur les traces de l’ami Trotsky (vraie tête de pioche dans son combat anti-Staline) et de l’ami Lowry (les fans d’Au-dessous du Volcan forment une véritable secte, comme le dit l’auteur, cela tombe bien, j’en fais partie - spéciale dédicace au gars Julien,  bien entendu). Autant le dire tout de suite : Viva est un ouvrage très riche, brassant moult événements historiques et moult personnages qu’ils soient artistes (Artaud, Breton, Diego et Frida, Traven…), activistes… ou les deux.

Deville ne prend pas son lecteur pour une poire, lui faisant confiance pour qu’il trace lui-même son chemin dans ce dédale de dates, de destins, de voyages, de drames. L’histoire mexicaine n’étant pas ma grande spécialité (l’Histoire en général entends-je dire en écho dans mon dos - pauv’type, va), j’avoue qu’il m’a fallu garder la tête froide pour suivre parfois toutes les circonvolutions du récit ; heureusement, il y a tout un chapitre sur la tequila, pardon sur le tequila (mais ouais, vous voyez, vous ne savez pas tout non plus) qui m’a diablement remis en selle : à partir de là, je me suis saoulé de ces liens incessants que Deville ne cesse de tisser entre les destins de ces grands hommes (de l’assassinat et du suicide à la pelle, je ne vous prends pas en traître), de ces allers-retours passionnants et virevoltants que l’auteur inspiré ne cesse de faire dans le temps et dans l’espace ; on est parfois un peu enivré par cette érudition, mais toute ivresse littéraire est forcément bonne - tout fan de Lowry se devra d’acquiescer. Alors oui, c’est vrai, si tant est que l’on puisse tenter une critique, nous, pauvre petit lecteur de pacotille, ce tourbillon de faits, d’événements, de vies tragiques empêche parfois le lecteur de se laisser prendre dans une certaine «émotion romanesque » : Viva est plein comme un œuf et Deville, une idée en amenant une autre, les parallèles d’un destin à l’autre se faisant constamment trop tentants pour son esprit totalement immergé dans la chose, ne laisse finalement que peu de respiration, de plages de repos à son lecteur.  On est pris dans un maelström de courants artistiques et politiques et il manque sans doute une petite pointe d’émotion à la chose pour que l’on y cède complètement. Voilà, une petite réserve d’usage, comme pour ne pas trop se faire écraser par le poids des recherches (un vrai travail de fond aussi bien comme rat de bibliothèque que sur le terrain - de voyages en rencontres, l’histoire de la création de ce livre est, à mon avis, déjà passionnante en soi), qu’a nécessité la chose. Sinon, bon, c’est clair, « Viva », oui, « viva Deville » même, lui qui redonne à la « biographie romanesque» toutes ses lettres de noblesse - surtout après la lecture de l’ouvrage de l’autre pingouin.

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