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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 juin 2014

Le Mangeur de Citrouille (The Pumpkin Eater) (1964) de Jack Clayton

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Clayton, Pinter, Oswald Morris, Delerue, Bancroft, Finch, Mason, du beau monde pour un film sur une femme, sur le couple qui touche forcément l'âme - pour peu qu'on mette la main dessus (l'âme, pas le film - quoique). Difficile, dans la première demi-heure, de ne pas penser (sur le fond) à A Woman under Influence du gars Cassavetes (toujours point chroniqué ici, shame on us...) avec cette femme si vivante, si pleine de joie, espiègle, avec sa tribu d'enfant et cette soudaine dépression qui lui tombe sur la tête. Anne Bancroft et sa pléiade de gamins (on pense aussi forcément au film suivant de Clayton, Our Mother's House) est heureuse et semble se faire une joie de partir pour un troisième mariage... avec sans doute des enfants à la clé. Ses enfants, sa maison, son mari, son univers : son bonheur puis le fil va casser...

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Peut-elle aimer un homme, faire l’amour, sans avoir envie de "concevoir" (c'est le psy qui lui demande de cogiter sur la chose...). Peut-il, de son côté, rester fidèle à cette femme, toute entière dévouée à son foyer ? Les hauts et les bas d'un couple : les sacrifices (elle), la jalousie (elle), les coups de blues (elle), son hypocrisie (lui), ses fuites (lui), ses mensonges (lui), leur amour (eux)... Le film multiplie les épisodes, les séquences de bonheur, de bruit et de fureur avec cette ribambelle de gamins qui donnent vie à la baraque, d'amour et d'intimité entre Bancroft et Finch très complices, les séquences de vague à l'âme (la solitude de Bancroft sur la musique nostalgique, tristounette, délicate de Delerue qui fonctionne comme toujours à merveille ; les enterrements des parents et ces habits noirs qui semblent teinter l'âme), les séquences de colère, de violence, de déchirements et les éternelles réconciliations... La caméra de Morris, disons-le franchement, réussit tout ce qu'elle veut : capable de faire immédiatement le point sur des passants qui passent plus ou moins loin de la caméra (c'est techniquement bluffant et significatif dans cette scène où tout le monde mate une Bancroft qui craque en plein magasin), capable de prendre de la hauteur pour rendre compte d'un "tableau familial" (l'arrivée des deux grands garçons chez leur grand-mère), capable de jouer sur la profondeur de champ (la "fin de fête" avec ces deux couples où flotte un parfum d'échangisme - mais la Bancroft prend du recul), capable de faire des gros plans audacieux (le visage perdu de Bancroft, la bouche carnassière de Manson), capable de capter des bribes d'images à la volée (la dispute violente entre Bancroft et Finch, sur la fin)... Bref, un modèle de fluidité qui montre que le Clayton a toujours la main pour "mettre en images" son propos après son chef-d’œuvre, The Innocents (qu'il est bon de rappeler à la moindre occasion).

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Le film peut paraître parfois un peu dépressif tant les vagues à l'âme de Bancroft sont douloureux (son horrible opération...), tant cette dernière, privée de son mari, de ses enfants, tombe dans une léthargie qui la laisse exsangue, comme mort-vivante. Heureusement, le film parvient toujours à rebondir, à retrouver ses petits instants de douce folie quand la maisonnée s'emplit, de doux érotisme quand la bouche de Bancroft se penche sur le torse de Finch (on dirait du Musso, c'est ça l'inspiration, mes enfants...). Au final un film techniquement magique et un magnifique portrait de femme qui mériterait d'être plus connu - faut reconnaître que le titre n'est pas "porteur", certes... Les quatre premiers longs de Clayton frôlent le sans faute, puis vint Gatsby, le soporifique... Bah, nobody's perfect, à chacun ses pépins ! A savourer, for sure.

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Commentaires
S
le regard caméra du chat, j'avoue... Un pépin.
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P
... il filme très bien les petits chats. <br /> <br /> Il filme très bien les petits chats qui montent les escaliers.<br /> <br /> Il filme très bien les petits chats qui ont le regard caméra.
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S
Hello Bondy, un amateur de foot, voilà qui va faire plaisir à Gols. Pour le film nippon, je peux vous conseiller d'aller faire un tour sur le stade t411, vous devriez pouvoir y trouver chaussure à votre pied. Bon film et bons matchs...
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B
Après avoir savouré la branlée infligée aux espanish cramés , suffisants ( mais surtout insuffisants ) par les oranje en folie , festival des 2 stars offensives qui viennent apparemment pas pour faire de la capoeira ( je me permets une petite parenthèse foot en plein évènement planétaire , j'ai déjà vu causer musique sur ce blog donc... ) , revenons à d'autres amours . J'ai effectué une recherche assez poussée pour pouvoir mater ce fameux " mangeur de citrouilles " sur lequel j'aurais finalement achevé mon cycle Clayton ( pas trop branché par La foire des ténèbres et encore moins par le Gatsby , dénichables ceux-là tiens donc comme quoi , heureusement que j'ai eu le sublime " Chaque soir à neuf heures " dont la mélodie résonne encore dans ma tête ....toujours mieux que le dernier Lady glagla ) . Mais finalement zéro résultat , bien dommage surtout que la fin de votre chronique a l'air de le placer au même niveau que ses autres réussites . J'aurais bien aimé pondre deux-trois mots sur ce film que j'espérais . Pour le Susumu Hani , j'étais déjà résigné quand j'ai lu le nom du réal , bref . C'est quand même emmerdant quand on voit le contraste entre vos deux dernières chroniques : le Jack reacher qui sent la bouse à plein nez ou tout au moins le truc kleenex anecdotique oublié avant la fin du générique et trouvable en 1 clic les yeux bandés et les menottes aux poignets et puis le Clayton qui lui sent la cassolette de saint jacques à l'anis étoilé et pas moyen de foutre la main dessus . Bon , je râle encore et je vais pas vous faire le coup à chaque fois ( surtout pour les raretés nippones pasque là y aurait de quoi s'ouvrir les veines ... ça va , c'est façon de parler )<br /> <br /> mais que voulez-vous , déception oblige , désolé .
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