Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
31 mars 2014

Chaque Soir à neuf Heures (Our Mother's House) (1967) de Jack Clayton

vlcsnap-2014-03-30-20h25m02s226

Il y a toujours quelque chose à craindre quand les enfants restent en bande : Sa Majesté des Mouches (Peter Brooke), Les Révoltés de l'an 2000 (Narciso Ibáñez Serrador), Le Village des Damnés (Wolf Rilla), L'Ecole des Fans (Jacques Martin)... Chaque Soir à neuf Heures fait également craindre le pire lorsque, suite à des circonstances particulières (une mère malade qui élève ses 7 enfants dans une grande demeure : elle meurt et les enfants, craignant l'orphelinat, décident de l'enterrer dans le jardin), la petite bande se retrouve livrée à elle-même. Elle est dans un premier temps très pragmatique (les habitudes ne changent pas, ils continuent d'aller à l'école ; elle s'organise pour faire les courses (le gamin anglais aime les pois et les oeufs, c'est pas compliqué) et surtout pour retirer le chèque mensuel ; elle met à la porte la bonne à tout faire...) mais les premières "dérives" apparaissent : lorsque l'une des gamines sympathise avec une simple motard qui lui propose de faire un petit tour, les gamins se réunissent, l'un d'eux joue au médium paranormal avec la mère et la sanction tombe ; la gamine doit sacrifier sa chevelure... La chtite tombe malade dans la foulée mais pas question de faire venir un docteur dans la demeure, quitte à ce qu'elle reste sur le carreau... On présage le pire.

vlcsnap-2014-03-30-20h25m37s69

On présage le pire et on se fourre le doigt dans l'oeil. C'est l'une des accointances de leur mère (Dirk Bogarde tout jeunot pour ceux qui l'ont toujours connu vieux) - il est considéré au départ comme le géniteur des enfants - (des détails seront donnés ultérieurement...) qui, en débarquant dans la baraque, va commencer par menacer l'équilibre (sur le plan financier notamment) de la maisonnée. S'il met la plupart des gamins en joie - seule une fille reste à l'écart -(jeux dans le jardin, virée en bagnole...), notre homme part également facilement en vrille (il picole, parie sur les chevaux, invite des pouffes à la maison pour faire tirlipinpon...). Il tente de mettre tout le monde dans sa poche mais ses dépenses inconsidérées ne vont pas longtemps passer inaperçues... Il n'a pas l'air surtout de se rendre compte qu'il joue à un petit jeu dangereux avec les gamins : ceux-ci pourraient bien finir par se rebeller surtout s'il commence de s'attaquer à "l'image" (dans tous les sens du terme) de leur mère...

vlcsnap-2014-03-30-20h27m40s36

vlcsnap-2014-03-30-20h27m50s142

Le premier élément à noter c'est que si la plupart des films anglais sont mauvais (les Clayton, Dearden et autres Powell/Pressburger sont hors-concours, of course...), la plupart des acteurs anglais sont bons... J'exagère sans doute dans les deux sens mais force est de reconnaître que les gamins sont particulièrement au taquet dans cette oeuvre où ils jouent... un rôle essentiel. La seconde chose qui s'impose comme une évidence... c'est la musique de Georges Delerue (qui a eu d'ailleurs une longue collaboration avec Clayton) ; dès la première note (on ne peut tromper un fan de Truffaut, croix de bois, croix de fer), on se dit ah, tiens, Georges ! Il compose comme d'hab une musique toute en délicatesse, en douceur, en espièglerie (...) qui convient parfaitement pour venir accompagner le monde de l'enfance (je pourrais développer mes arguments musicaux mais il se fait tard là...). La troisième chose c'est que Clayton est quand même sacrément doué (on parle et on reparle des Innocents, ce n'est pas un hasard) au niveau de la mise en scène, de la direction d'acteurs and so on (je vais d'ailleurs m'attaquer au reste de sa filmo, clair... 8 films, c'est jouable). Sans qu'il n'y ait beaucoup de rebondissement dans la première partie du film (entre la mort de la mère et l'arrivée du "père"), il arrive à nous tenir en haleine en nous décrivant simplement, par petites touches, l'organisation de ce petit monde d'enfants avec sa cohésion (face à l'extérieur), son empathie (ils vont accueillir temporairement un autre enfant...), ses rites (le "temple" dédiée à la mère, une mère avec laquelle ils semblent toujours connectées...)

vlcsnap-2014-03-31-01h15m12s19

Ensuite le film (et la caméra) s'emballe avec l'arrivée de Dirk : on assiste à quelques éclairs de folie douce (le rire et la joie des enfants) mais on a également l'impression qu'une certaine "noirceur" plane sur le film ; celui-ci d'ailleurs s'enfonce de plus en plus dans la pénombre jusqu'à cette terrible scène autour du feu de cheminée avec un Dirk dont le visage illuminé pour ne pas dire "enflammé" a quelque chose de diabolique... Faut pas trop jouer avec le feu, ni avec les enfants... Un véritable voyage au bout de la nuit enfantine... Un film surprenant aussi bien au niveau du scénar que dans la forme (on pourrait s'amuser à commenter des séquences entières : la lecture du testament avec ce plan qui commence sur les petites jambes des bambins, qui remonte au niveau de la table (parfaite transition "matérielle" entre l'âge de l'innocence et celui des responsabilités) et qui s'arrête sur les visages sérieux et concentrés de notre assemblée, une attitude qui n'a rien d'enfantin) ; il y a aussi ce plan magnifique, en contre-plongée, sur le lit désert de la mère : un des plus jeunes gamins, qui ne sait pas qu'elle a été enterrée pendant la nuit, monte par habitude sur le lit pour discuter avec sa mère - son ombre se projette sur l'endroit où se tenait généralement sa mère, une mère qui semble l'observer, impuissante, de l'endroit où se trouve la caméra : je ne sais si je me fais bien comprendre mais la scène provoque une forte émotion avec un dispositif d'une grande "simplicité"...), une bien belle mécanique claytonesque en quelque sorte. A découvrir, pour sûr.    

vlcsnap-2014-03-30-20h24m03s165

Commentaires
B
Yo les compères fans de bouquins ( pas la peine de s'exciter , c'est pas pas une critique ) . En ce qui me concerne , j'ai perdu le gout et l'habitude de lire en grandissant mais j'ai gagné celui et celle de regarder du Cinéma avec un grand C . Pas tellement perdu au change car je me cultive de toutes les autres manières possibles ( suis curieux de nature , ça aide ) . Je sais pas si y a matière à se coincer les omoplates mais mon livre référence is " La nuit des temps " de Barjavel ( pour c'que j'ai lu de sf ) et jojo lapin pour le reste ( quand meme , je lisais des trucs vachement sérieux ) .Bref on s'en branle . Si le sujet "gamins qui cachent la mort de papa ou maman " vous botte , y a aussi " La fracture du myocarde " de Jacques Fansten ( pas connu non plus (?) ) mais j'assure pas la semi-crise cardiaque quant à la qualité du truc ( positivement parlant ) car j'en ai un souvenir aussi clair que les alentours de la big baraque dans " Rebecca " from the Hitch . Je remarque au passage que dans beaucoup pour ne pas dire la plupart des grands films sur l'enfance ( meme des mineurs comme " My girl " ou " Tideland " ) , la mort n'est jamais bien loin . Bon , ça me donne envie d'écouter la partition de mr Delerue du film chroniqué sur cette page ( qui ne fait pas partie de ses grandes réussites si on en croit wikipédia , quand je disais qu'il fallait sortir ces merveilles des oubliettes ... ) Bravo donc les deux compères en question pour m'avoir guidé vers la lumière . <br /> <br /> PS: je suis invité prochainement à faire un tour en salle obscure , chose que je ne refuse jamais , mais là , y a de quoi se faire du souci ( quand on voit les deux derniers films chroniqués sur ce blog , ça donne une vague idée ) Bon , no stress , c'est pas moi qui paye , c'est le moment d'emmener une minette à caresser dans le sens du poil , sauf si elle est fan de captain américa ( merde y a des chances )
Répondre
K
Vi, moi je l'ai vu. Croyais l'avoir dit. <br /> <br /> Glauque. Très. Mais il fait au mieux, le pauvre, avec ce sujet casse-gueule et casse-pieds. ça tirait à l'image, comme le livre tire à la ligne. <br /> <br /> Vraiment longuet. Avec quand même des trouvailles par-ci par-là (comme le drap trop court sur la mère morte (sic). <br /> <br /> Mais j'avoue une tendresse un peu irrationnelle pour Andrew Birkin. Peut-être parce qu'il a écrit un livre sur Peter Pan et que ça semble le travailler grave, l'enfance. <br /> <br /> <br /> <br /> De lui, j'avais vu le très classique "Brûlant secret" . Une vraie réussite à mon avis. Mise en scène très fluide. Surtout pour un 1er film. D'après la très belle nouvelle de Stefan Zweig (autre chose comme base de travail que Ian Mc Ewan, entre nous...) Le gamin est magnifiquement dirigé et le couple Faye Dunaway / Klaus-Maria Brandauer assez fascinant.
Répondre
C
Mais le film d'Andew Birkin, quelqu'un l'a vu ? C'est un inconnu, ce gars-là... Je soupçonne C. Gainsbourg de ne pas pouvoir jouer le mystère et l'ambiguïté...
Répondre
M
Eh beh. Tous éclopés, dites, on dirait ! Moi-même, je... Bon, bref.<br /> <br /> M'est arrivé pour Mac Ewan ce qui t'est arrivé pour Gloag, Cecilon : jamais fini. <br /> <br /> Survolé une page sur 4 après un stop autour de la cinquantaine de pages. <br /> <br /> Glauque, vraiment. Chichiteux, je répète. Ressassant aussi. Jusqu'à la fin assez bleup quand même. Et l'écriture... bah... bof. <br /> <br /> Résumons, donc, Cecilet : Bleup. Bah. Bof. <br /> <br /> Alors que Tabernacle : Miam. Glop. Wooff.
Répondre
C
Cecil confirme : le Gloag m'a paru plat comme tout et privé de l'humanité du film. Je réessaierai si vous insistez, c'est-à-dire que je dépasserai la page 20.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis en train de lire The Cement Garden, justement, et le point de départ est le même : des enfants seuls dans une maison après la mort de leur père puis de leur mère (même si elle n'intervient pas du tout au début). Les relations entre les enfants et leurs caractères sont complètement différents. Autant chez Clayton il y a une entente très forte et une communication assurée entre les enfants (et pas de vraie dissension, malgré la coupe des cheveux de Gertie), autant chez McEwan, le garçon de 14 ans narrateur ne parle à personne, refuse tout vrai échange avec sa mère et ses soeurs et son petit frère, fantasme tout seul, par exemple sur sa soeur aînée, le petit frère est déguisé en fille, etc. La sexualité des adolescents est centrale, mais, c'est vrai, assez sinistre, tout comme leurs relations. Il n'y a plus d'adulte après la mort de la mère. McEwan insiste sur le fait que, comme Claude, le narrateur ne se lave plus, ne change plus ses vêtements et dégoûte pas mal ses deux soeurs. Il arrive assez bien, il me semble, à suggérer la complexité et le trouble dans scènes un peu anodines, cependant. C'est sûr et certain que le roman est sous influence, mais ce n'est pas gênant puisqu'il est si différent. <br /> <br /> <br /> <br /> Mitch, le film de Birkin vaut-il le coup ? Est-il proche du roman ? Parce que Charlotte Gainsbourg et son accent anglais prétentieux, c'est pas évident.<br /> <br /> <br /> <br /> Toutes mes condoléances au blessé des yeux, à qui je souhaite un prompt rétablissement ! (J'ai un méga oeil au beurre noir, suite à une bouch... une opération un peu brutale)
Répondre
Derniers commentaires