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18 avril 2011

Police spéciale (The naked Kiss) (1964) de Samuel Fuller

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Un Fuller qui vient clore (chronologiquement) notre longue série (subjective) de films noirs américains et qui le fait en beauté avec ce portrait de femme courage. Pas facile quand on est une ancienne prostituée d'avoir une seconde chance, et l'amie Kelly (Constance Towers, une bien jolie plastique mais surtout du caractère) ne pouvait pas plus mal tomber qu'en échouant dans cette ville de Grantville. Si elle séduit en un tour de main un des beaux gosses de la ville, Griff (Anthony Eisley), celui-ci, flic de son état et vrai cow-boy, ne tarde point à la battre froid : soit elle se casse, soit elle va s'ajouter au rang des filles qui travaillent dans un bar à putes (bar qu'il fréquente et dont il fournit les "éléments"), situé de l'autre côté du fleuve, dans un autre état. Mais notre Kelly n'est pas du genre à se faire dicter sa vie et ne tarde pas à faire son trou dans un hôpital de la ville spécialisé dans la prise en charge des enfants handicapés. C'est le richissime gars Grant, Michael Dante (lointain descendant de la famille qui a fondé la ville), vieil ami de Griff, qui sponsorise cet établissement - et possède la moitié de la ville -, un type solitaire qui va rapidement craquer, au grand dam de son pote, pour notre héroïne : il est jeune, beau (enfin po mon style, perso), riche, sans a priori sur le passé de Kelly et... pédophile. Cherchez l'intrus.

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Grande dame que cette Kelly, toujours prête à se battre contre les malotrus (grandiose scène d'ouverture où elle te met sa race à son mac) et à défendre la veuve (les jeunes filles tentées par l'argent en se prostituant) et l'orphelin (cette armée de petits nenfants en béquilles dont elle s'occupe avec un véritable dévouement - une vraie Mary Poppins capable de leur faire pousser la chansonnette - croquignolette séquence - et de leur donner l'espoir d'un avenir meilleur). Seulement il n'est pas toujours facile d'imposer sa loi dans cette ville où les deux hommes forts semblent tout contrôler ; elle pétera la tronche à une maquerelle à grands coups de sac (l'arme fatale des femmes avec les talons aiguilles...), décanillera le Grant (bravo, c'est ce qu'on peut appeler un sacré coup de téléphone - joli également le coup du voile de mariage qui se transforme en suaire) mais aura plus de mal à convaincre ce sombre flic de sa bonne foi... Terrible que ce visage de Kelly derrière les barreaux de la prison avec cette ombre projetée sur sa bouche, faisant écho aussi bien à sa difficulté de faire entendre sa voix - celle de la justice - qu'au lourd silence dans lequel reste murée la chtite gamine, victime d'abus. Mais il ne faut jamais désespérer, dit-il en fronçant les sourcils.

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Un noir et blanc comme toujours très soigné, une façon encore une fois magnifique d'user des gros plans - l'arrivée de Kelly chez Grant, son coup d'oeil inquiet en direction du visage fermé de Griff, son léger sourire en croisant le regard de cet enfoiré de maître des lieux qui cache bien son jeu - et Fuller qui parsème son film de petites références musicales (Beethoven, de la "sonate au Clair de Lune" à la "Cinquième symphonie") et littéraires (Goethe, Byron, Baudelaire...) point si communes dans les films du genre - mais c'est clair que le Fuller sait apporter sa petite patte personnelle et si précieuse aux films noirs. Un petit coup de mou, il est vrai, au milieu du film, un rythme d'ailleurs sans doute moins trépidant que le génial Underworld U.S.A dont je me remets à peine, mais une nouvelle œuvre fullerienne, qui ose aborder avec courage et pudeur un thème sulfureux, qui n'en demeure pas moins, visuellement, relativement marquante.

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Noir c'est noir, c'est

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