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2 février 2021

LIVRE : Un Garçon comme vous et moi de Ivan Jablonka - 2021

51+sQsPdsVL

Oui, vraie tristesse de cette rentrée littéraire d'hiver où l'on débite de l'œuvre comme des stères de bois dans une forêt en feu. Il y a actuellement deux grandes tendances dans la grande littérature française : l'autofiction, qui permet de raconter des histoires d'amour sublimes qui n'ont jamais existé et qui finissent mal, de toute façon - ça fonctionne encore un peu ; et le témoignage, qui permet de raconter des histoires de détournement de mineur(e)s, des viols, des incestes, qui, eux, ont malheureusement bien existé - ça marche bien. Et puis il y a des gars comme Jablonka qui ont eu une enfance normale, une adolescence de merde normale, des histoires sexuelles normales, le tout, pute vierge, en ayant la bonne idée de naître au début des années 70. Il n'a rien de bien intéressant à dire, mais, sous couvert d'être branché en science sociale, se prend lui-même comme objet d'étude et pisse de la copie - non pas parce qu'il est particulièrement égocentrique (ou juste un brin alors) mais parce que c'est encore sûrement ce qu'il a de plus proche sous la main ; il en profite (on se croirait dans une émission de Patrick Sabatier, tout du long) pour croiser des amis de primaire, de collège, de lycée et pour évoquer ceux qui sont morts en route (les meilleurs, hein, Jean-Pierre !). Franchement, on se dit que nous, même en écrivant mieux, on aurait pas osé. Lui, ose, et se fend de notices très éclairantes et profondes (...) sur les jalons de sa vie : Candy, Goldorak, Renaud, Goldman ou encore (et là, cela nous met franchement le moral dans les chaussettes) Un Monde sans Pitié ; au bas mot, on se prend trente ans dans la gueule sans avoir rien demander, le tout pour lire des trucs guère révolutionnaires sur cette culture populaire d'anthologie (je crois que le truc sur Goldman, c'est encore le pire...). Je ne dis pas que notre homme n'a pas le droit de raviver ses souvenirs, ou encore de revoir son grand amour d'enfance (qui s'appelait Cloé, c'est original) mais qu'il le fasse pour lui, pour illustrer un album de photo et qu'il le garde précieusement pour ses petits-enfants... Le plus gênant, sans doute, c'est tous ces passages sur la fin qui tenteraient de mettre sa trajectoire, sa vie dans une sorte de perspective historico-sociale ultra subjective qui laisse un peu comme deux ronds de flan (putain, le gars va bientôt nous voler notre propre jeunesse, tu vas voir). Sous prétexte que lui, c'est ainsi qu'il a vécu toute cette époque, il voit mal comment on ne pourrait pas étendre ses réflexions à l'ensemble des personnes de sa classe d'âge, de sa génération (je vais lui présenter Gols, il va lui péter le genou : Gols, à 6 ans, il lisait Miller ; Goldorak et Goldman, il ne fait toujours pas la différence sauf que c'est de la meeerde). Bref, on lit la chose très vite, bienheureusement (car par trop légère), un peu interloqué devant ces nouveaux "écrivains" très décomplexés qui vont bientôt écrire des livres de recette de leur grand-mère. On préfère Jablonka dans ses petites recherches historiques plus poussées. De la dauuuube en boîte.

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