Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
28 novembre 2017

Shock Corridor (1963) de Samuel Fuller

vlcsnap-error901

Film choc de l'ami Fuller qui n'a rien perdu de sa force de feu cinquante plus tard ; Shock Corridor ne se contente pas d'explorer le monde des malades mentaux mais propose une véritable revue des folies américaines de l'histoire contemporaine : anti-communisme, suprémacisme, bombe nucléaire. Le scénar de Samuel virevolte au-dessus d'un nid de cocus de l'Amérique : militaires, noirs, personnes irradiées... Tout cela, bien sûr, en simple toile de fond d'une enquête follement menée : un journaliste décide de se faire passer pour fou (il a des pulsions incestueuses pour sa soeur...) pour découvrir l'assassin d'un patient ; trois personnes internées furent témoins du meurtre, à lui de gagner leur confiance pour connaître le nom du meurtrier. L'enjeu ? Rafler le Pullitzer. Le risque ? Devenir fou... Mais qui ne l'est point dans cette Amérique-là...

vlcsnap-error835

vlcsnap-error285

De la même façon que sa compagne s'effeuille pour gagner sa vie, (la plantureuse Constance Towers que l'on retrouvera dans The Naked Kiss ; elle se fait ici passer pour sa sœur pour le faire interner), notre héros (Peter Breck au visage aussi lisse et inexpressif qu'un Tom Cruise) risque de perdre plusieurs couches de raison avant d'atteindre son but ; après toute une période d'entraînement pour être dans la peau du personnage, l'enfermement en hôpital psychiatrique risque bel et bien de lui faire perdre pied avec le monde des réalités. Faut dire que ce petit monde est gratiné et convoque toutes les peurs et les angoisses de l'Amérique : un militaire, prisonnier en Corée, qui se prend pour un soldat sudiste (et ping pour toute l'histoire militariste ricaine), un noir qui se déguise en membre du Ku Klux Klan (sûrement le plus effrayant d'entre eux... Ancien étudiant dans le sud, il incarne toute la belle politique d'intégration ricaine...), un scientifique qui est retourné en enfance et se cache sous un banc (les Ricains, victimes de leur propre invention - et cela n'a cessé depuis...). Notre type s'accroche à des bribes d'information (le meurtrier porterait un pantalon blanc, il serait un assistant) ne calculant point en quelle mesure cet environnement (et le ptit coup d'électrochocs en bonus) pèse dangereusement sur ses nerfs. A l'image de ses compagnons, notre homme se met à rêver "en couleurs" et ce n'est pas un hasard s'il s'agit pour sa part de chutes (d'eau). Plus il tente de rentrer dans la psychologie de ses camarades, moins il semble pouvoir contrôler ses humeurs, ses émotions, sa pensée. Si sa compagne s'en inquiète depuis le départ, son boss (le responsable du journal) veut qu'il aille jusqu'au bout du process : pour le profit, la gloire, autant d'autres grandes folies américaines.

vlcsnap-error001

vlcsnap-error698

On aime toutes ces séquences hallucinées : l'énorme Pagliacci, véritable Totorro avant l'heure, qui bouffe l'espace comme l'esprit du héros ; ce militaire tout en joie d'obéir ; ces rushs du black dans le corridor pour lapider un autre black ; ce rire enfantin du scientifique bêtement caché sous son banc ; ce pauvre héros victime de visions apocalyptiques au sein même de l'hôpital : son cerveau finit par prendre l’eau de toute part. L'érotisme reste prégnant (la combinaison noire de Constance Towers est du harcèlement sexuel à elle seule) mais il se révèle soit inefficace (le héros est plus attiré par son projet que par sa compagne), soit dangereux (la salle des "nymphos" dont est piteusement victime le héros) : l'amour n'est décidément plus de ce monde et tout part en vrille. Un couloir des angoisses américaines très intelligemment mis en scène par Fuller, une œuvre-électrochoc (simple petite réserve, peut-être, sur le jeu de Peter Breck mais ce sera bien tout).

vlcsnap-error407

vlcsnap-error164

Full Metal Fuller

Commentaires
Derniers commentaires