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20 mars 2013

The Loves of Carmen de Raoul Walsh - 1927

La version qui nous reste de ce rare film de Walsh semble avoir été vomie par mon chat, mais ça suffit quand même pour se rendre compte qu'on a affaire ici à un petit truc absolument charmant. Tout est parfait dans cette adaptation de la nouvelle de Mérimée, des acteurs aux ambiances, de la mise en scène au scénario, et on passe vraiment un moment délicieusement vintage devant la chose.

Dolores
La qualité du film, c'est d'abord son interprète, la pétulante Dolores Del Rio. Toute en jambes (9 cadres sur 10 commencent par cadrer icelles avant de cadrer la jeune fille elle-même), elle est d'un érotisme immédiatement photogénique comme seul le muet savait en fabriquer. Le film lui-même est d'ailleurs hyper-sexuel, jonglant avec la censure ou le "presquer interdit" avec une maestria complète : ça rend la chose d'autant plus troublante, puisqu'on est toujours au bord d'apercevoir sans jamais apercevoir. Je pense quand même qu'on doit voir la culotte de la dame plus d'une fois, tant l'actrice virevolte dans tous les sens. Elle est tout simplement extraordinaire de vie et d'énergie, il n'en fallait pas moins pour camper la torride et salope Carmen, ensorceleuse d'hommes qui tombe (forcément) raide dingue du seul gars qui la repousse : le torero Escamillo, là aussi superbement porté par Victor McLaglen. Le gars, énorme, porte des mulets à bout de bras et engouffre des tartines grosses comme des planches de surf, éructe et crache comme un sagouin, il n'en faut pas plus pour que Carmen s'éprenne de lui comme une malade, malgré les apparences (elle lui balance des yeux fumasses, des coups de hanche dédaigneux ou des pieds de nez moqueurs). Elle le préfère en tout cas au plus classique José (Don Alvarado, dans le rôle ardu du cocu manipulé dont il se tire avec le glamour nécessaire), tout ça messieurs-dames va se terminer en drame.

small
Le film est franchement pétillant de bout en bout. Walsh vous campe des atmosphères de village espagnol avec un talent parfait, disposant savamment figurants, seconds rôles et rôles principaux dans des tableaux ensoleillés pleins de vie. C'est drôle, trépidant, exécuté avec un sens du rythme et de l'énergie jamais démenti, très varié dans les atmosphères. Si la caméra est souvent fixe, elle n'hésite pas à inventer de très jolis cadres : les émotions sont souvent décuplées par des décadrages audacieux sur les visages, par exemple, qui vont même jusqu'au très gros plan flou quand la tension monte au maximum. Quand Walsh décide de bouger sa caméra, c'est pour des travellings vraiment audacieux. Et puis le montage est déjà très inventif, avec notamment un final éblouissant : on y suit "l'ascension" puis la mort de Carmen (oui, je balance la fin) montées en parallèle avec la gloire du torero dans l'arène et la mort du taureau (oui, je balance la fin), excellent contrepoint tragique mené de main de maître. Mais encore une fois, c'est le Sexe, avec majuscule, qui fait toute la grandeur du film, celui-ci étant omniprésent dans chaque petite posture, chaque petite mine de Dolores Del Rio, qu'elle soit embarquée comme un sac par McLaglen ou toute en minauderies devant Alvarado.

Walsh et gros mythe : cliquez

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