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Shangols
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20 novembre 2011

L'inexorable Enquête (Scandal Sheet) (1952) de Phil Karlson

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Basé sur un roman de Samuel Fuller - décidément très inspiré par le milieu du journalisme puisqu'il réalisa, la même année d'ailleurs, Park Row -, ce film noir très joliment mené est une réelle réussite à mettre au crédit d'un Phil Karlson qui déçoit décidément rarement son homme. L'excellent Broderick Crawford - personnage inquiétant et ambitieux à la lourde stature - est le rédacteur en chef d'un journal pour lequel tous les moyens sont bons pour vendre de la copie ; il doit se frotter aux actionnaires du journal qui lui reprochent de faire du New York Express un torchon à scandales mais comme ces derniers ne crachent point sur les dividendes que depuis peu, chaque mois, à mesure de l'augmentation du tirage, ils touchent, ils ont une méchante tendance à laisser notre homme en place... Crawford s'appuie sur un jeune journaleux aux dents longues - John Derek, tout pimpant - prêt à tout pour faire dans le juteux - il ose notamment se faire passer pour un inspecteur de police pour avoir des infos de première main auprès des plus proches témoins de crimes crapuleux. John Derek fricote avec la chtite Donna Reed, elle-même employée au journal, qui a une conception beaucoup plus saine du métier de journaliste (bien belle idée d'ailleurs que cette association : s'il y a une évidente complicité entre les deux jeunes gens, tout semble les opposer au niveau de la déontologie ; reste à savoir lequel des deux parviendra à prendre l'ascendant sur l'autre (soit les succès de John - et la thune qui va avec - remportera le morceau, soit la Donna, avec son humanisme et sa sincérité, parviendra à rallier dans son camp son fiancé...) Le film démarre vraiment quand ce fou furieux de Broderick - au passé encore plus trouble que le héros de Mad Men - assassine son "ex"-femme. John ne tarde pas à mettre son nez dans ce crime de sordide et l'on pense que le Broderick va tout faire pour étouffer l'affaire... Penses-tu, notre ami rédacteur ne se démonte point et de jouer avec le feu en donnant un maximum d'infos sur l'affaire. Plus les tirages augmentent, plus ce diable est aux anges, encore faudrait-il la jouer super extra fine pour ne pas se faire démasquer...

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C'est assez bonnard de voir ce gros roublard de Broderick se mettre dans des situations de plus en plus périlleuses et jouer sa peau au nom de la loi du tirage... Mais sa peau est en papier journal imprimé avec de gros caractères bien gras et risquerait bien de finir par brûler... Si ce mastodonte - entre deux meurtres - reste le cul sur sa chaise dans son bureau pour mener à bien les opérations -, le chtit John, jamais à court d'idées pour faire avancer l'enquête, se démène de son côté comme un beau diable. Donna joue les anges-gardiens auprès du John mais éprouve bien du mal à calmer ses ardeurs - comme quoi les femmes, dans les films noirs, ne sont point tout le temps fatales... Mais le plus savoureux dans l'histoire, c'est peut-être que les clés du problème (les principaux témoins capables de prouver la culpabilité du rédacteur) sont aux mains de deux alcoolos - bien belle galerie d'individus, soit dit en passant, dont les poches sous les yeux sont en forme de flasques de whisky - et d'un vieillard - le juge qui a marié vingt ans plus tôt Broderick et sa femme - dont la mémoire visuelle semble terriblement flanchante... Broderick semble presque prendre un malin plaisir à les narguer - ils se retrouvent par deux fois face à eux sans que ceux-ci, apparemment, soient capables de le reconnaître (le jeu avec les ombres - la face sombre de Broderick - est proprement jouissive), tout comme, finalement, il se fout de la gueule de ses lecteurs en leur proposant des infos de merde (scandal shit, of course) qui les attirent comme des mouches (la scène dans le bar où les gens critiquent la teneur du journal alors qu'ils l'ont tous à la main...) La tension ne cesse de monter tout du long jusqu'à l'incontournable minute de vérité où l'on se demande si Broderick va finir par se jouer malignement de tous... Incontournable, pour tout assidu lecteur de Paris Match ou de Voilà (j'ai po dit Télérama, pas d'amalgame, hein, tout de même).  

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