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9 novembre 2011

Violences à Park Row (Park Row) (1952) de Samuel Fuller

"Don't let anyone ever tell you what to print. Don't take advantage of your free press. Use it judiciously for your profession and your country. The press is good or evil according to the character of those who direct it."

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Samuel Fuller est décidément un véritable visionnaire vu qu'il avait prévu près de soixante ans avant l'attaque au cocktail Molotov de Charlie Hebdo. Park Row est une véritable déclaration d'amour au journalisme, à la liberté de la presse via le combat (de tranchées) entre le tout nouveau patron du Globe (Gene Evans, passionné), journal qui vient tout juste d'être monté, et la boss du Star (Mary Welch, un physique relativement curieux et une carrière relativement courte - juste un long-métrage au compteur, forcément). Ce qui fait tout le sel de cet affrontement, c'est que les vlcsnap-2011-11-09-08h35m26s157deux ennemis en pincent en secret l'un pour l'autre (l'étrange séquence onirique ou cette patronne habillée en cendrillon vintage vient rendre visite, sur les coups de minuit, (Woody saura s'en souvenir...) à Gene et lui roule au moins huit pelles) alors que sur le terrain - certains collaborateurs du Star employant la manière forte - la baston bat son plein. Pour contrer toutes les innovations proposées par la nouvelle équipe du Globe (plusieurs "Une" qui sortent le même jour, l'invention de la linotype, la demande auprès des lecteurs de contribuer à la construction du socle de "La Statue de la Liberté" (la métaphore est lourde, certes)...), le Star engage une véritable guerre ouverte contre ce journal : utilisation de faux pour tromper les donateurs, journalistes et employés passés à tabac, bombe lancée contre les locaux... Evans n'est cependant pas du genre à se laisser faire et la scène où il décide de fracasser à coups de poing un des assaillants est un must fullerien : il finit presque par lui exploser la tête contre la statue de Benjamin Franklin (on a bien compris le clin d'oeil, oki) qui trône au milieu de ce célèbre lieu du journalisme new-yorkais...

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Bref, un film sur des journaleux (si Le Star est un journal de daube, le Globe n'est pas non plus un modèle de journalisme d'investigation, soyons franc) qui demeure particulièrement sanguin dans le fond. Mais c'est peut-être dans la forme qu'on prendrait presque finalement le plus son pied ; on sent que cette production de Fuller a un budget on ne peut plus limité (on découvre le décor en long et en large lors du générique de début et on est presque époustouflé - ah en fait, c'est tout le décor du film qu'on vient de voir, ok, cool - le tournage a duré 14 jours !!? Ciel...) mais cela n'empêche point notre Samuel de nous sortir des petits plans de derrière les fagots absolument saisissants : nombreux sont les "mini plans-séquences" lors desquels la caméra part comme une folle au cul d'un des personnages - il faut voir notamment ces mouvements ultra coulés lorsque le Gene, ultra vénère, déboule dans la rue ou lorsque la caméra pénètre dans un lieu et virevolte dans chaque nouvelle pièce traversée. Ces soudaines accélérations apportent une vraie dynamique à ce film où les personnages sentent parfois, il est vrai, un peu "l'encre" - ouais, les discussions au comptoir ou dans un bureau, c'est pas non plus ce qu'il y a de plus explosif et de plus spectaculaire en soi... c'est po la Corée, nan, voilà. Du coup, ce Gene Evans, sans être forcément un modèle de journaliste, apparaît avant tout comme un individu ultra déterminé, prêt à mettre ses coucougnettes sur la presse (c'est dangereux, vi) pour que triomphe sa vision intègre du métier. Un combat perdu d'avance ? Mais nan, faut pas dire ça, allons. Regardez, Charlix commence déjà à renaître de ses cendres... Belle œuvre des débuts et relativement méconnue du gars Samuel (le film est ressorti il y a peu en France) qui vaut son poids en caractères d'imprimerie.

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