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12 janvier 2009

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen - 2008

vicky_cristina_barcelona_vicky_cristina_barcelona_05_09_2008_2_gAllez, je suis bien luné ce soir : Vicky Cristina Barcelona est un Woody sympatoche, qui n'apportera absolument rien à sa gloire, qui sera chassé par le suivant, mais qui fait ma foi passer 90 minutes rigolotes et bon-enfant. Il faut se faire à l'idée que la carrière du gars est derrière lui, et se contenter désormais de ce cinéma vieillot et doux-amer qui donne parfois de bonnes choses.

Parce qu'il reste quand même des bribes de grande classe dans ce film; à commencer par une photo absolument géniale, qui plante des ambiances glamour en une seconde, qui laisse toute sa place aux paysages de carte postale de cette Espagne fantasmée et regardée par le petit bout de la lorgnette. Fidèle à sa hantise de l'extérieur, Woody ne va pas fouiller bien loin dans Barcelone, se contentant de regarder ce que lui indique son guide touristique, et complétant avec sa vision étriquée d'Américain pure souche : Gaudi, Miro, quelques plans de campagne 2008_vicky_christina_barcelona_005ensoleillée, les vieilles églises et l'amour libre. Ca pourrait souler, mais ce travail sur l'image magnifique compense ce manque de curiosité, et convainc même par son côté "j'assume mes clichés". Dans ce pays de rêve, Woody pose deux Américaines sexy en diable, et laisse s'exprimer les poncifs : le voyage en Espagne des deux donzelles traversera tous les a-priori possibles, depuis le peintre romantique jusqu'à la maîtresse hystérique, depuis la poésie catalane (intraduisible, insiste Woody, ce qui en dit long sur son manque d'ambition) jusqu'aux airs de guitare éternels.

Vicky Cristina Barcelona est un joli auto-portrait de l'artiste en agoraphobe : à travers ces demoiselles en fleurs fascinées par le romantisme espagnol, mais complètement incapables d'assimiler ou de comprendre cette culture, se cache le petit Woody terrorisé par l'altérité, et compensant cette peur par une accumulation de clichés. Il a beau faire le fier avec son discours caustique sur les ambitions avortées et l'inadaptation de ses personnages, on le sent lui-même bien effrayé, voire bien fasciné, par ce monde inconnu qu'est l'Europe. C'est là que le film touche le plus, dans cette reconnaissance de son identité définitivement américaine.

vicky_cristina_1Totalement dépourvu de gags ou de répliques vraiment drôles, le film est pourtant très plaisant dans ses situations. Les acteurs sont tous parfaits dans la subtilité de leurs dialogues, et s'amusent visiblement beaucoup à camper ces archétypes : la Palme revient selon moi à Scarlett Johansson, encore une fois extraordinaire dans ses changements de registres constants. Abominablement sexy, elle sait aussi se faire ridicule, névrosée, emmerdante, faussement provocatrice, et son rôle pourtant peu intéressant y gagne en profondeur. Woody semble projeter sur elle tous ses fantasmes de papy priapique, échangisme, bi-sexualité, émancipation sexuelle. Les scènes de sexe entre elle et Bardem, et surtout entre elle et Cruz (un baiser mal assumé par cette dernière) sont des exemples mal dissimulés de projection de l'auteur sur ses acteurs.

Vicky_Cristina_Barcelona_Movie_Stills_M1mEEuyUVEglBref, on s'amuse bien, c'est frais et enlevé, brillant dans la mise en scène (les nombreux dialogues sont parfaitement filmés) et très agréable. Dommage que Woody charge tout ça d'une symbolique épaisse (l'oiseau dans une cage pour exprimer la frustration d'une femme mariée, mouaif) et de longueurs inutiles. Le génie du gars est loin, il faut bien l'admettre, et nombre de scènes sont un peu poussives et attendues (le pique-nique, les rapports de Vicky avec son mari, l'histoire parallèle du vieux couple qui s'ennuie). Mais allez, je l'ai dit : je suis bien luné, et donc : un Woody dans la moyenne, ce qui est déjà bien, vu que sa moyenne est élevée. (Gols 12/11/08)


Ca tombe bien que l'ami Gols en ait parlé avant moi, car j'avoue être un peu sec devant ce film très plaisant, sexy - mais point trop n'en faut -,  qui revient inlassablement sur les multiples figures amoureuses (l'ex-femme difficile à oublier, le ménage à trois, une ptite pointe de passion, la désillusion, VickyCristinaBarcelonaGl'amant d'un couple embourgeoisé, la tentation, la peur de passer à côté de quelque chose et celle de faire un peu n'importe quoi): c'est un véritable festival qui n'apporte finalement que peu d'eau au moulin. Les images d'Epinal se suivent avec un certain charme ("ils ont visité une vieille église et c'était très beau") mais l'originalité reste un peu en carafe. Le fantasme parfait du vrai New-Yorkais en perpétuelles vacances en Europe (y'a personne qui bosse en fait) où tout correspond parfaitement à l'image qu'il veut s'en faire ou qu'il s'en fait en matant des films (la soirée almodovarienne sur un petit air de guitare espagnole, ou encore les balades julesetjimesque, à trois, en vélo). Woody Allen trouve en ces terres étrangères, comme le personnage joué par la Scarlett, une petit atmosphère de liberté loin du puritanisme américain et on comprend qu'il s'y sente un peu plus à son aise pour nous faire part de ses éternels fantasmes. Bon je me suis personnellement jamais fait tirer dessus par une ex-compagne, mais faut dire qu'elle ne se prénommait jamais Penélope, ça doit jouer. Le film vient de remporter le Golden Globes de la meilleure comédie comme si finalement, aux Etats-Unis, on attendait de lui uniquement ce genre de films, parfaitement calibré avec un petit air canaille. Tant mieux pour lui, et on attend, de toute façon, comme toujours, avec impatience, le prochain opus - Whatever Works - qui le ramène chez lui après cette longue parenthèse européenne dont le summum restera le magnifique Match Point. (Shang 12/01/09)          

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