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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 août 2008

There will be Blood (2007) de P.T. Anderson

Bon je dois bien reconnaître en préambule que ma copie n'est point parfaite et que dix minutes (genre milieu de dernières bobines) semblent avoir disparu... J'ai d'ailleurs hésité avant d'en dire deux mots en attendant de meilleures conditions, j'y reviendrai à l'occasion...

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Cela dit, P.T. Anderson livre un film ample, sans finalement beaucoup de ressorts narratifs, limitant ses dialogues à l'essentiel, ce qui constitue sûrement la plus grande réussite du film; on assiste au combat, comme deux locomotives lancées l'une contre l'autre sur le même rail, entre un homme d'affaires dans le pétrole proprement diabolique (Daniel Day-Lewis, éblouissant) et un homme d'église, véritable show man habité (Paul Dano, l'ado de Little Miss Sunshine, moins convaincant, qui frôle le petit numéro...). Si celui-ci est dévoué pour sa congrégation, celui-là est un homme sans foi ni loi, venu de nulle part, prêt à tout pour défendre ses intérêts financiers; les scènes cruciales où ils se retrouvent face à face - notamment dans l'église et à la fin - sont de véritables morceaux de bravoure où l'on ne sait lequel finira par avoir l'ascendant sur l'autre. Il faut avouer que les deux personnages sont à ce point excessifs qu'on finit par se demander ce qu'ils incarnent vraiment : s'il s'agit d'un combat entre un charlatan et un homme pourri jusqu'à la moelle, le combat est certes spectaculaire mais finalement pas réellement signifiant dans ce qui se voudrait un genre de grande fresque américaine du début du XXème siècle "mettant en scène" deux idéaux contradictoires... On plonge surtout dans une grande noirceur avec des éclats de violence, sur une musique - un peu trop omniprésente - angoissante au possible (certains accords de violons ont dû être piqués à Philip Glass...), en se demandant jusqu'où ira l'infernal personnage interprété par Day-Lewis pour assouvir sa soif de l'or noir : sans attache, prêt à tout sacrifier, ce "self made man" livre un "one man show" proprement époustouflant mais un peu trop radical pour être crédible... C'est d'ailleurs justement là que se situent les limites d'Anderson, pas vraiment connu pour faire toujours dans la dentelle.

A chacun de plonger ou non dans les abysses des puits de pétroles, j'avoue pour ma part, quitte à faire normand, demeurer un poil sceptique en attendant une seconde vision...   (Shang - 22/01/08)


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Ah moi, j'ai fonctionné, peut-être parce que j'ai eu une bonne copie. Je ne hurlerai peut-être pas au chef-d'oeuvre comme l'ont fait les critiques, mais je trouve que There will be Blood est doté d'une puissance épique assez formidable, et on n'est pas loin de penser aux grandes fresques du cinéma américain "territorial" (celels de George Stevens ou même de Sergio Leone). Il y a là-dedans un souffle assez indicible, bien que le film soit étonnamment discret dans la plupart de ses composants : dialogues épurés, scénario finalement assez ténu, Anderson joue dans la cour des grands, celle qui arrive à faire exister des personnages énormes au sein d'une fresque énorme, tout en faisant mine de raser les murs.

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Malgré le sujet historique, There will be Blood est d'une modernité étonnante, notamment grâce à l'immense travail sur la musique (tout à fait d'accord sur les références à Philip Glass) : Brahms ou Pärt (excusez du peu) acquièrent un aspect contemporain bluffant, simplement par leur utilisation hantée, par leur potentiel de frayeur quand ils sont montés sur ces images dantesques : un puits de pétrole qui brûle, un homme qui creuse une tombe. Pas trouvé pour ma part que la musique soit omniprésente : elle participe à la symphonie naturelle qu'est le film, à son caractère presque fantastique. Sans elle, le film serait banal ; avec elle, il est chargé de démons obscurs. Sur ce fond puissant et sombre, Anderson profite de sa reconstitution pour démonter les rouages du rêve économique américain. Les deux complices-ennemis, fric et religion, fondent l'Amérique moderne (d'où mon allusion à Leone et son Once upon a Time in America), et le personnage de Day-Lewis représente l'archétype du self-made-man rêvé par la politique yankee actuelle. Mais Anderson le charge d'une haine pour ses semblables, d'un nihilisme violent, d'une brutalité, qui cassent complètement le mythe : il n'est qu'une brute, et il construit pourtant l'Amérique. La société moderne est batie sur le profit, le meurtre, et la haine du genre humain : on le savait déjà, mais il est toujours bon de le rappeler, surtout dans un film populaire comme celui-ci.

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Mais cet aspect ne va jamais à l'encontre d'une sorte de rêve américain parallèle : Anderson aime visiblement son pays, et filme la campagne désertique en grand cinéaste épique. S'il y a du fantastique là-dedans, il y a aussi du western, et l'ampleur des cadres et du montage est digne des meilleurs. Chaque scène va au bout de son but, au bout de son rythme (très lent), en un seul mouvement musical. C'est vraiment très beau à regarder, malgré le jeu il est vrai un peu appuyé des acteurs (Day Lewis en fait assez, quand même, non ?). Au bout des 2h30, on est surpris de constater que le film garde encore sa part de mystère, reste opaque, distillant un charme difficilement cernable. Respect.   (Gols -  30/08/08)

Commentaires
P
Hi hi hi, je lance un débat: Paul Thomas Anderson, un des plus grands espoirs du cinéma américain, en fait, enchaîne daube sur daube depuis son 4è film, "Punch Drunk Love". <br /> <br /> Il a quand même réalisé "Boogie Nights", un beau film de narration, puis "Magnolia", un film d'une complexité admirable, sorte de remake de "Short Cuts". <br /> <br /> Mais depuis, quelle catastrophe ! On a eu droit à l'enflure de "There will be blood", à l'inanité de "The Master", le retse ne méritant même pas qu'on en parle. Que s'est-il passé? Il peut avoir les budgets qu'il veut et ne fait plus rien de bon.
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M
Pareil. Et, le con, il te vous prend toujours des acteurs béton pour faire passer la pilule. A vous dégoûter. <br /> <br /> Mais le monde s'apercevra bien un jour que ce PTA, c'est foutaise et chiqué ! <br /> <br /> Horreur du cinoche chichiteux.<br /> <br /> Vous avez raison, Shangols, de parler de "concept". C'est bien du cinéma conceptuel qui rappelle ces grands cris d'extase, dans les années 50-60, devant des toiles où un "artiste" génial avait écrit "Vivre" ou "Espace" ou bien encore "Boots" sur toute la largeur de la toile et que tout le monde criait au génie.
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S
J'avoue n'avoir jamais trouvé le courage de le revoir en entier... Je me suis fait, pour expier, the Master... Encore moins convaincu, dirais-je, par le "concept" de PTA...
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M
Il est horrible , ce film. Proprement, positivement a-bo-mi-n-able. Et, en outre, épouvantablement chiiiiiiant ! Un de mes plus mauvais souvenirs cinématographiques. <br /> <br /> La mise en scène en fait des caisses et des caisses !. Ouin ! Si t'as pas compris une fois, le mec il te fait des variations de la même scène pendant des plombes !<br /> <br /> En plus, Daniel Day-Lewis (que je trouve totalement admirable dans un tas d'autres films), ici, fait une espèce de copié-collé du jeu de Walter Huston dans "Le Trésor de la Sierra Madre". Je suis super étonné que personne n'ait encore noté la chose, tellement c'est flagrant patent évident... <br /> <br /> Quant à la musique? Vous avez dit musique ? Où ça , musique ? Vous voulez parler de ce zzzzzzzzioouuu d'insectes horripilant ? Are you kidding ? <br /> <br /> Il vous manque 10 minutes au milieu du DVD ? Waow ! Chanceux que vous êtes !
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P
J'ai vu ce film 5 ou 6 fois en vo comme j'aime toujours faire et les dialogues sont sublimes!!la musique merveilleusement collée aux images. des scènes magnifiques rythment ce Chef d'Œuvre.<br /> <br /> mais ce n'est que mon avis of course.sheers.
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