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9 mars 2008

LIVRE : Simples Contes des Montagnes (Plain Tales from the Hills) de Rudyard Kipling - 1888

Sans_titrePour son premier livre publié, Kipling n'est pas avare : 40 nouvelles dans ce recueil, qui ont toutes en commun leur décor (l'Inde, qui donnera par la suite sous sa plume des romans précieux) et une sorte d'humour taquin très agréable. Kipling ne se met jamais à distance de ses histoires, le narrateur étant le personnage principal de toutes les trames, ou en tout cas le témoin privilégié. Sans sa présence, tous ces contes ne seraient pas grand-chose ; par sa présence, ils deviennent des petites tranches de vie finement racontées, et rapportées de façon subjective par un Kipling badin et déjà très en place.

On n'est certes pas encore dans les grands livres futurs. Simples Contes des Montagnes est souvent répétitif, revenant sans cesse, et sans parvenir à se renouveler, sur les mêmes thèmes (les arcanes de l'Administration coloniale, les farces entre Britanniques esseulés dans le pays, les amours tourmentées entre jeunes gens...) ; au bout de quelques nouvelles, on sait à peu près quel va être le déroulement de chaque conte, la surprise est rare. Et puis, Kipling n'étant pas Maupassant (qui arrive à rendre intéressant un insecte ou un regard échangé au bord d'une rivière), ses histoires tombent souvent à plat. Il ne sait pas encore bien manier la description, ni rendre importants les petits détails de la vie. Du coup, on n'est souvent pas passionné par ces historiettes sans enjeu, simples rapports de minuscules faits divers sans force. Quand Kipling choisit d'être plus ample, dans ces histoires de magie noire, par exemple, ou dans les narrations d'amours interdites, ou dans les ambiances presque fantastiques de certains textes, il devient intéressant, sachant manier le suspense et les atmosphères avec un vrai sens du rythme et du conte.

Mais heureusement, il y a l'humour, omniprésent, une sorte d'ironie à froid, bon enfant et finaude. Et là, c'est respect. Toutes les fins de nouvelles, notamment, sont souvent de précieux moments de finesse, où Kipling livre deux ou trois pensées sybillines qui ouvrent d'autres horizons sur la trame qu'il vient de raconter. Ce n'est jamais malpoli, c'est toujours caustique ; ce n'est jamais lourd, c'est juste du travail de joailler au niveau de l'ellipse et du style. Les portraits de pauvres types abondent dans le recueil, et Kipling sait, en deux ou trois lignes ironiques, faire le dessin définitif de ces "blaireaux magnifiques". Il ne lui faut que quelques mots pour planter une manie, pour mettre doucement en lumière le minable d'un destin. Cet humour et ce sens du rythme font du recueil un bon moment de finesse, je n'en demandais pas plus. POur les chefs-d'oeuvre, patientons encore un peu.

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