LIVRE : Cosmopolis de Don DeLillo - 2003
Si mon collègue Shang se met en colère sitôt qu'on prononce le nom d'Apichatpong Weerasetakul, je crois que je viens de décider de faire la même chose au nom de Don DeLillo. Ce bouquin, Cosmopolis, est tout ce que je déteste dans la littérature : prétention, fabrication, crânerie, boursoufflures, ignorance crasse, laideur... Aucune sincérité dans ce style ampoulé, un style de petit malin gâté qui pense que la complexité est signe d'intelligence. Des dialogues incroyablement prétentieux de vanité et de vide intersidéral, des descriptions qui veulent faire modernes quand elles ne sont que des masturbations de travailleur scolaire, un sujet qui s'annonce politique et profond, et qui n'arrive pas à la cheville du moindre roman de science-fiction. Le pire, c'est qu'on va comparer cette sous-merde à du Ballard ou à du Ellis : ce sera oublier un peu vite que chez ces deux-là, il y a une vraie compréhension du monde, et que leurs styles, leurs rythmes, leurs urgences à écrire sont bien réels. Qu'ils sont sincères, Don, sincères. Quand la prose contemporaine devient à ce point une dissertation d'étudiant en Khâgne, c'est à vous dégouter des livres à jamais. Je vous avais dit : je suis en colère. A bas la littérature de fabrication.