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15 juillet 2006

Les Contes de la Lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari) de Kenji Mizoguchi - 1953

Etonnant de voir la variété de styles dans ce film, et la maestria avec laquelle Mizoguchi manie ces genres18656071 différents. Les Contes de la Lune vague après la pluie (quel titre sublime) commence comme un film italien néo-réaliste, avec cette insistance sur les gestes du travail (la poterie), et la présence étouffante du contexte social (la campagne, la guerre, la pauvreté, l'artisanat).

Puis on passe ensuite à une chronique brechtienne, un portrait de plusieurs innocences prises dans les rêts de la guerre, de l'ambition, de la vénalité. C'est là que le film est le plus réussi, dans ce croisement cynique de destins broyés : un homme se perd dans son ambition de devenir samouraï, un autre dans son ascension sociale, une femme perd sa dignité (et sa vie) dans la tourmente de la guerre. On pense bien sûr 18656073à Homme pour Homme ou à Mère Courage de Brecht, la politique en moins, dans ces portraits moraux brossés par le biais des évènements plus que des sensations. La profondeur des décors (magnifiques forêts de studio, architecture très fouillée des maisons, belles plongées sur des villes populeuses, direction parfaite des foules), et le rythme étonamment rapide de ces séquences font fonctionner cette fresque intime de façon très efficace.

Enfin, on passe à un style beaucoup plus "japonais" : le rythme ralentit énormément, ainsi que la musique (insupportable...), et Mizoguchi se met à parler de fantômes et de réincarnation, de bouddhisme et de codes d'honneur. C'est la partie la moins touchante sûrement, en grande partie à cause de ce fameux fossé qui sépare cette culture étrange de la nôtre, mais en partie aussi, il faut le reconnaître, à cause des acteurs qui sont18656074 rarement à la hauteur des ambitions du gars. Pourtant, là aussi, le charme agit, grâce à ces lumières surexposées alternant avec des écrans pratiquement noirs, grâce à ces chorégraphies des gestes et des regards qui sont souvent très émouvantes, grâce à ces cadres toujours nouveaux et surprenants (la scène de la traversée du fleuve est à se damner de beauté).

Ce mélange, entre tradition et modernisme, fait des Contes de la Lune un film charnière entre deux mondes, entre deux esthétiques. Un peu comme si Confucius avait lu Marx... La classe, en fin de compte.

mise sur Mizo : clique

Commentaires
S
Cher Tom,<br /> <br /> l'intendant Shang est d'accord avec vous et a d'ailleurs crée l'odyssée mizoguchienne dans ce but ; j'avais revu tous les derniers films de Mizoguchi peu de temps avant la création de ce blog - il y a plus de 6 ans - et c'est la raison pour laquelle Mizoguchi a la portion congrue par rapport aux 3 autres Grands (Ozu, Kuro, Naruse). On va s'y atteler, promis, promis...
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G
2 propositions dans votre demande, Tom. Or, si vous cherchez bien, le plus grand film de tous les temps, La Maman et la Putain, a bien été commenté sur ce site. Pour ce qui est de Sansho, c'est vrai que...
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T
Il serait temps de s'occuper du plus grand film de tous les temps et d'honorer la mémoire de l'Intendant Sansho sur ce site !
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