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10 janvier 2024

Le Coureur (Davandeh) (1984) de Amir Naderi

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Petit détour en Iran, cela faisait longtemps avec cette œuvre qui nous fut présentée en son temps comme le "premier chef-d’œuvre de l'Iran post-révolutionnaire" (tout un programme). Il court, il court ce maladif d'Amiro, dans cet Iran qui a laissé sur le bas-côté de la route des gamins dans son genre. Il doit lutter pour se faire une poignée rials et Amiro d'exercer tous les petits métiers à sa portée : il écume d'abord les dépotoirs de Bandar Abbas, cette ville située à la jointure du golfe Persique et du golfe d'Oman (au niveau du détroit de, de détroit de ? d'Ormuz bien sûr), où sur mer naviguent d'immenses navires venus de divers horizons, où sur terre demerde-toi mon frère, avant de se lancer dans le ramassage de bouteilles en verre en mer... Mais les requins veillent et notre gamin, qui tient à ses jambes comme d'autres à leur cou, de se lancer dans le commerce d'eau fraîche puis dans celui du cirage de pompe... Pas vraiment de temps de loisirs pour notre bambin ? Ben si, tout de même, puisqu'avec une bande de pote, on le voit faire du vélo et surtout des courses de folie où tout les coups sont permis : le premier qui arrive pourra mettre la main sur une bouteille de Fanta fraîche (le Graal) ou sur un pain de glace (la Glaace) ; on se pousse, on se croche-patte, on se charcle, seul le plus fort pourra prétendre à la victoire (forcément extatique)... Des courses de l'ultime (...) qui ne sont en rien inutiles dans l'exercice de ces petits boulots : qu'un type se barre en vélo sans payer son verre d'eau fraîche ou qu'un autre lui tire son pain de glace, Amiro part au train et ne lâche jamais l'affaire... Des courses pour la gloire, des courses pour la survie dans ce monde hostile, ce monde bouché par la mer, bouché par le feu et la fumée des pipe-lines, dans cette nature étouffante et rude.

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On est bien dans la veine iranienne naturaliste du film d'ado devant serrer des dents pour faire son trou. Naderi en collant sa caméra sur le visage cinégénique de ce bambin ne se trompe guère dans ses choix (d'interprète et de cadres) et nous livre un film rugueux (le gamin doit se battre contre les siens mais aussi à plusieurs reprises contre les adultes) tout en étant baigné de luminosité et d'espoir. Amiro a fort à faire pour tenter de trouver sa place mais parvient toujours à rebondir. Frustré de ne pas savoir lire, alors qu'il a pour coutume de feuilleter des magazines notamment sur les avions (sa passion - métaphore d'envie d'envol ? Ouah, vous y allez fort !), Amiro va de lui-même s'inscrire à l'école pour s'alphabétiser... Frustré de ne jamais avoir remporté The race parmi les gamins, il va s'entraîner façon Rocky pour y parvenir. Il se fixe des buts et tente de se donner les moyens pour parvenir à ses fins - jusqu'à la célébration... totale ou la rage (notre gamins a pour sale habitude de crier quand il est heureux comme d'autres de vomir - oui, le parallèle est osé). Au final, un petit film à hauteur de bambin qui rend aussi bien compte des conditions difficiles auxquelles il doit faire face que de l'énergie, de l'espoir qui l'anime. Un joli film iranien qui irradie d'énérgie sous le sombre voile social.

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Collection Criterion

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