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30 mai 2023

LIVRE : Dans la Réserve de Hélène Zimmer - 2023

614279f84291fa435dac767315fdcd21fe12b1e828e7ad84c6d3d12537654d1bJe me suis pour tout dire emmerdé comme un rat mort devant Dans la Réserve, qui fait tout pourtant pour nous séduire. Le postulat de départ est presque science-fictionnel : une mystérieuse entreprise construit une réserve écologique qui prétend ressusciter la forêt primaire et réhabiliter ours et loups, projet économico-politico-scientifique bien inquiétant dans son opacité. Pour lutter contre le mur géant qu'elle prétend élever en plein territoire vert, un groupe d'activistes lutte en s'accrochant aux arbres et en faisant bloc. Au sein de ce gros bordel, on suit en parallèle trois personnages : Nassim, un journaliste futé qui s'implique dans la chose un peu par désintérêt, un peu pour oublier sa femme en train d'accoucher (le sperme n'est pas de lui...) ; Eva-Lou, engagée par le parc pour servir d'éco-sentinelle, en gros de soldate à la solde de l’État : et surtout Arnaud, un gusse qui se désolidarise complètement de la société et qui va s'introduire dans la réserve pour y retrouver une vie sauvage. Bon, sujet d'actualité, teinté d'un brin de politique et d'un soupçon de fantastique, on dit pourquoi pas.

Mais très vite, le style de Zimmer nous tombe des yeux. Dans son souci de contemporanéité, la dame se pique d'écrire djeun's. Et c'est alors une suite de phrases mochissimes façon Twitter, censées représenter ici le langage d'une jeune fille fan de réseaux sociaux, là un journaliste pratiquant une nov-langue formatée, ailleurs les dialogues entre activistes écolo à la cool. La littérature doit être le témoin de la langue de son époque, blablaba, je veux bien. Mais à ce point d'indigence, on tique quand même face à la vacuité de l'essentiel du livre, qui ne nous donne à voir en guise de personnages jeunes que des petits connards épris de fric ou de scoop et possédant trois mots de vocabulaire. Un peu court comme vision de notre monde. Face à ces personnages fortement antipathiques, le cynisme affiché de Zimmer agit en plein, et sa langue est à l'envi. Heureusement, il y a Arnaud, qui apporte la vraie touche d'humanité à la chose, alors même qu'il se désolidarise de toute forme d'humanité justement, retournant à un état quasi-animal et sauvage. Avec lui, on a enfin un personnage singulier, épais, intéressant. Mais pour apporter un contre-point à sa pauvre langue 2.0, l'auteur ne trouve rien de mieux à faire, pour traiter ce personnage, que de verser dans un lyrisme fatigant, dans une pseudo-écriture poétique à petits bras. Le thème était intéressant, mais est gâché par cette écriture chiante, et par un flou artistique assez complet, dans les discours et dans les formes. Le récit n'en finit plus, et comme tout ça est appuyé par une prose au bulldozer qui se regarde écrire, l'ennui pointe rapidement son nez, si bien qu'on se fout royalement de ce qui va arriver à nos personnages si mal-aimables. On oublie.

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