Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 décembre 2022

Le Doigt sur la gâchette (At Gunpoint) d'Alfred L. Werker - 1955

vlcsnap-2022-11-30-22h48m11s520

Un petit trésor inconnu que ce western-là, le genre de petit machin tout de sensibilité qui me ravit et me rappelle les grands Boetticher ou Hellman. Alfred Werker n'a pas laissé leurs traces dans l'histoire du cinéma, mais si on en juge par ce At Gunpoint, c'est injuste : voilà un gars qui, tout en honorant le cahier des charges et la commande le plus professionnellement du monde, parvient à instiller dans son film des petites scènes absolument craquantes tournées vers les personnages et les sentiments. On se retrouve tout ému devant la chose, d'autant que la mise en scène souvent inventive dope parfaitement un scénario un peu maigre, et laisse toute leur place aux émotions du héros (Fred MacMurray, en homme ordinaire) et de sa femme (l'imparable Dorothy Malone, toujours aussi parfaite).

vlcsnap-2022-11-30-22h46m52s311

Sur les traces de High Noon, les scénaristes ont inventé une autre histoire d'homme seul face à ses ennemis, chassé par la communauté, mais cette fois c'est plus retors. Jack Wright abat presque par hasard un bandit qui attaque la banque de sa paisible bourgade sans histoire : il ne s'est jamais servi d'un six-coups, mais, par chance, il fait mouche à 200 mètres de distance. Il n'en faut pas plus pour que la ville ne le consacre gloire locale... et pour que la bande dudit bandit ne jure de venger leur collègue en abattant le brave Jack. En devenant la cible privilégiée de ces hors-la-loi, Jack passe du statut de héros à celui de pestiféré de la ville, terrée dans la peur de se prendre une balle en même temps que le bougre. Dès lors, tout le monde déserte sa petite épicerie et rase les murs dès qu'ils le croisent. Seule sa femme (et un vieux docteur vaguement alcoolique) reste à ses côtés, mais suffira-ce pour éviter le duel terrible entre ce gusse qui ne sait pas se servir d'une arme et quatre cow-boys patibulaires avides de vengeance ? Un western qui filme frontalement un cow-boy en larmes face à la mort de son pote ne peut pas être mauvais : c'est un des plus beaux plans de ce film qui en regorge. Le petit personnage principal, véritable héros malgré lui, formidablement campé par un McMurray en contre-emploi, est touchant en diable : il faut voir ses concitoyens s'évaporer comme une nuée d’étourneaux autour de lui dès qu'un danger s'annonce, ou notre bougre affronter seul un jury populaire et honteux de sa lâcheté. Profondément humain, le personnage est une grande invention, et jamais Werker ne le fait passer pour un héros ou pour un dur à cuire : il reste à hauteur d'hommes, désarmé face à la situation et à son destin, mais droit dans ses bottes.

vlcsnap-2022-11-30-22h06m56s575

C'est vrai qu’une fois posée la problématique, le scénario s'embourbe un peu dans l'attente du fameux duel. Les scènes et les dialogues se répètent, on stagne un chouille, et on sent bien qu'on meuble avant d'envoyer les chevaux. Mais tout de même : Werker occupe le temps avec des scènes de couple très tenues, avec une précision des personnages qui fait chaud au cœur, avec des moments sensibles et touchants. Et quand enfin la séquence finale arrive, elle est à la hauteur de notre attente : une tension digne d'un grand western spaghetti, notre homme qui décharge piteusement son gun dans le sol ou les murs des maisons, le méchant qui s'avance impassible vers lui, popopo du grand art. Comme Boetticher, Werker sait créer des personnages d'une grande densité humaine : on croit à ce mec ordinaire plongé dans une situation qui le dépasse, à cette communauté de pleutres pas fière d'elle, à cette femme en plein doute, à ce pauvre doc privé de partenaire aux échecs et qui se détourne pour pleurer, et même à ces bandits pris dans une spirale de vengeance qui les dépasse (voir dans un western classique un méchant mettre en doute l'usage de la violence est tout de même remarquable). Un grand petit film modeste et profondément humain, moi je dis yeeee-pa-yeah-oooo.

vlcsnap-2022-11-30-23h11m30s413

Go to the Mid-West

Commentaires
R
Bof. Un peu rase-moque’, ce western, frankly.<br /> <br /> J’étais plus intéressé par l’affreux râtelier de Brennan qu’autre chose tout du long…<br /> <br /> Qu’est-ce qu’il est mieux avec un chicot et demi, tout de même, le Walt..!
Répondre
Derniers commentaires